Nouvèl FOKAL

mercredi 27 avril 2011

BRÈVES 

Coup d'oeil sur la programmation Arts & Culture du 2 au 5 mai 2011

Lundi 2 mai - 5 h pm - CINÉFOKAL - LES CLASSIQUES
Docteur Folamour de Stanley Kubrick
Salle Fokal Unesco - entrée libre

Mardi 3 mai - 5 h pm - CINÉFOKAL - MEDIA : Journée de la liberté de la presse
Les Cimetières de la Glasnost de Paul Jenkins
Salle Fokal Unesco - entrée libre

Jeudi 5 mai - 2 h pm - CINÉCLUB AMERICAN CORNER
La Couleur pourpre de Steven Spielberg
Salle de conférence - entrée libre

Retrouvez plus d'infos très bientôt sur le blog de FOKAL 


Une bibliothèque qui brûle


La FOKAL s’indigne face à l’incendie criminel, le 21 avril, qui a ravagé les locaux de la Bibliothèque Communautaire Jacques Roumain, ainsi que de la radio communautaire Tèt Ansanm et du Centre pour la Culture et le Développement de Carice (SKDK), dans cette commune du Nord-est d’Haiti.  La FOKAL leur exprime sa plus profonde solidarité et réclame que la lumière soit faite sur ces évènements et que justice soit rendue. C’est là un travail de collaboration de dizaines d’années réduit en cendres dans une zone où les citoyens connaissaient déjà beaucoup de difficultés à accéder à l’information. (lire la suite)

Projet Vague du Futur : en guise de bilan

Le projet VDF entamera bientôt sa 4e année d’existence. De nouvelles activités (matches d’exhibition de débat, rencontres, visites), de nouvelles initiatives des clubs (séminaires de formation, tournois de débat, simulation de débat présidentiel), de nouveaux événements (camp d’été) s’annoncent pour le reste de l’année 2011.  La 3e année du projet a été riche en activités dans les 14 clubs VDF du pays, malgré les turpitudes politiques et les drames que le pays a connus ces 8 derniers mois, et ce grâce à l’enthousiasme des jeunes. (lire la suite)

Gingerbread : yon eksperyans reparasyon nan avni Kristof
 

Nan fen mwa mas la, yon ekip Fokal te vizite yon kay Gingerbread ke yo repare ak materio lontan yo. Kay sa chita nan nimewo 141 avni Christophe.  Se yon ófelina ki te pran kèk frap lan trambleman tè 12 janvye 2010 la. Yo te bati kay sa an 1920 pou Pè Lespinasse.  Kay la gen twa nivo, yon sousol, ak de etaj. De nivo anba yo fèt an brik ak wòch : poto ak pout yo an brik epi mi yo an wòch. Dènye etaj la fèt an bwa sèlman. Chans pou kay la, tranbleman tè a pat twò sakaje li epi pou d’ bwa pa atake li. (kontinye)




FOCUS

Mémoire : les deux 26 avril qui ont sombrement marqué l’histoire
 

Port-au Prince, 26 Avril 1986. Deux mois et demi à peine se sont écoulés depuis le départ de la famille Duvalier et la fin de la dictature. La liberté est là, elle attend, parfois s'enthousiasme. Le samedi 26 avril 1986, aux environs de neuf heures du matin, c'est avec une détermination non enthousiaste, avec gravité, que se regroupent au Sacré-Cœur de Turgeau quelques dizaines de personnes pour une célébration commémorative. (lire la suite)



EPINGLÉS

A Port-au-Prince, la Caraïbe sera au centre du mouvement mondial des radios communautaires

La site de l’institut culturel Karl Lévêque

Le site du Comité interministériel d’aménagement du territoire

Une bibliothèque qui brûle

La FOKAL s’indigne face à l’incendie criminel, le 21 avril, qui a ravagé les locaux de la Bibliothèque Communautaire Jacques Roumain, ainsi que de la radio communautaire Tèt Ansanm et du Centre pour la Culture et le Développement de Carice (SKDK), dans cette commune du Nord-est d’Haiti.  La FOKAL leur exprime sa plus profonde solidarité et réclame que la lumière soit faite sur ces évènements et que justice soit rendue. C’est là un travail de collaboration de dizaines d’années réduit en cendres dans une zone où les citoyens connaissaient déjà beaucoup de difficultés à accéder à l’information.

Selon les responsables de la Radio Tèt Ansanm, dans des propos récoltés par AlterPresse, « ces actes criminels, perpétrés au lendemain de la publication des résultats définitifs des dernières élections générales, seraient l’œuvre de partisans du parti au pouvoir INITE, mécontents de la défaite de leur candidat à la députation M. Jn Berthole BASTIEN ».

La bibliothèque de Carice était un tout petit espace qui abritait à la fois la bibliothèque, une radio communautaire et une association de jeunes. La salle de lecture servait aussi d'espace de rencontre pour les clubs de jeunes et les associations de la zone. Les élèves venaient y préparer leurs examens officiels.

Jusqu’il y a peu, le fonds documentaire est très maigre et les seuls ordinateurs qui étaient là appartenaient à l'administration. Au tout début de l’année, le staff du programme bibliothèque de la FOKAL s’était rendu à Carice pour visiter le bibliothèque, lui apporter des livres afin de compléter son fonds documentaire, ainsi qu’un lot de matériels informatiques dans le cadre du projet Mini-Labs Mobiles consiste à doter les bibliothèques du réseau de petits laboratoires mobiles pour favoriser l’accès libre et gratuit à l'information sur une plus grande échelle. 

Ils avaient ainsi reçu quatre pc classmate, un ordinateur portable grand format, un projecteur et un routeur Wi-fi. Les ordinateurs étaient équipés d'un éventail de logiciels pour les élèves en vue de favoriser et de moderniser leur apprentissage. Tout ce matériel et tous ces efforts ont été réduit en poussière ce 21 avril.


Victor Hugo a écrit un poème sur l’incendie d’une bibliothèque. En cette malheureuse circonstance, nous le partageons avec vous :

A qui la faute ?

Tu viens d’incendier la Bibliothèque ?

- Oui.
J’ai mis le feu là.

- Mais c’est un crime inouï !
Crime commis par toi contre toi-même, infâme !
Mais tu viens de tuer le rayon de ton âme !
C’est ton propre flambeau que tu viens de souffler !
Ce que ta rage impie et folle ose brûler,
C’est ton bien, ton trésor, ta dot, ton héritage
Le livre, hostile au maître, est à ton avantage.
Le livre a toujours pris fait et cause pour toi.
Une bibliothèque est un acte de foi
Des générations ténébreuses encore
Qui rendent dans la nuit témoignage à l’aurore.
Quoi! dans ce vénérable amas des vérités,
Dans ces chefs-d’oeuvre pleins de foudre et de clartés,
Dans ce tombeau des temps devenu répertoire,
Dans les siècles, dans l’homme antique, dans l’histoire,
Dans le passé, leçon qu’épelle l’avenir,
Dans ce qui commença pour ne jamais finir,
Dans les poètes ! quoi, dans ce gouffre des bibles,
Dans le divin monceau des Eschyles terribles,
Des Homères, des Jobs, debout sur l’horizon,
Dans Molière, Voltaire et Kant, dans la raison,
Tu jettes, misérable, une torche enflammée !
De tout l’esprit humain tu fais de la fumée !
As-tu donc oublié que ton libérateur,
C’est le livre ? Le livre est là sur la hauteur;
Il luit ; parce qu’il brille et qu’il les illumine,
Il détruit l’échafaud, la guerre, la famine
Il parle, plus d’esclave et plus de paria.
Ouvre un livre. Platon, Milton, Beccaria.
Lis ces prophètes, Dante, ou Shakespeare, ou Corneille
L’âme immense qu’ils ont en eux, en toi s’éveille ;
Ébloui, tu te sens le même homme qu’eux tous ;
Tu deviens en lisant grave, pensif et doux ;
Tu sens dans ton esprit tous ces grands hommes croître,
Ils t’enseignent ainsi que l’aube éclaire un cloître
À mesure qu’il plonge en ton coeur plus avant,
Leur chaud rayon t’apaise et te fait plus vivant ;
Ton âme interrogée est prête à leur répondre ;
Tu te reconnais bon, puis meilleur; tu sens fondre,
Comme la neige au feu, ton orgueil, tes fureurs,
Le mal, les préjugés, les rois, les empereurs !
Car la science en l’homme arrive la première.
Puis vient la liberté. Toute cette lumière,
C’est à toi comprends donc, et c’est toi qui l’éteins !
Les buts rêvés par toi sont par le livre atteints.
Le livre en ta pensée entre, il défait en elle
Les liens que l’erreur à la vérité mêle,
Car toute conscience est un noeud gordien.
Il est ton médecin, ton guide, ton gardien.
Ta haine, il la guérit ; ta démence, il te l’ôte.
Voilà ce que tu perds, hélas, et par ta faute !
Le livre est ta richesse à toi ! c’est le savoir,
Le droit, la vérité, la vertu, le devoir,
Le progrès, la raison dissipant tout délire.
Et tu détruis cela, toi !

- Je ne sais pas lire.

Gingerbread : yon eksperyans reparasyon nan avni Kristof


Nan fen mwa mas la, yon ekip Fokal te vizite yon kay Gingerbread ke yo repare ak materio lontan yo. Kay sa chita nan nimewo 141 avni Christophe.  Se yon ófelina ki te pran kèk frap lan trambleman tè 12 janvye 2010 la.

Yo te bati kay sa an 1920 pou Pè Lespinasse.  Kay la gen twa nivo, yon sousol, ak de etaj. De nivo anba yo fèt an brik ak wòch : poto ak pout yo an brik epi mi yo an wòch. Dènye etaj la fèt an bwa sèlman. Chans pou kay la, tranbleman tè a pat twò sakaje li epi pou d’ bwa pa atake li.
Moun ki repare kay sa se Jessie Gilbert Guenand ak Thierry Guenand. Jessie se yon ayisyèn ki te kòn fe atizana e ki pati pou Lafrans kote li aprann mason. Thierry Guenand se yon franse ki fè chapant.  De moun sa yo te rantre apre tranbleman tè a, vin bay bourad nan repare ansyen kay ki domaje. Yo telman wè gen ansyen kay ki pou repare, yo deside rete nan peyi a.   
Yo repare kay la ak yon mòtie yo fè ak lacho, tè epi  sab.  Yo itilize lacho enpòte paske jan yo prepare lacho an ayiti a detwi twòp pye bwa.  Yo melanje lacho ak yon sab blan epi yon tè tif.  Melanj sa yo itilize li pou yo poze wóch yo epi pou yo randwi mi yo.  Travay la telman fen, ke mi yo pa men’m bezwen pentire.
Yo repare tet kay la tou. Yo vise tòl yo ak gwo grenn vis paske yo di lè ou kloue tòl la, siklòn rache’l pi fasil.
Pou yo te reyalize travay sa yo te aprann de jenn Ayisyen koman pou yo travay ak lacho. Yo di se domaj ke nou pèdi teknik konstriksyon sa yo paske ansyen kay yo pata dwe repare ak siman ni blòk.  Yo panse ke fòk gen lekòl ki aprann jenn yo teknik ansyen pou bati kay paske gen anpil ansyen kay ki bezwen repare si sa pa fèt nan bon kondisyon, nap fin’n pèdi tout eritaj sa ke gran moun yo kite pou nou.

Projet Vague du Futur : en guise de bilan

Le projet VDF entamera bientôt sa 4e année d’existence. De nouvelles activités (matches d’exhibition de débat, rencontres, visites), de nouvelles initiatives des clubs (séminaires de formation, tournois de débat, simulation de débat présidentiel), de nouveaux événements (camp d’été) s’annoncent pour le reste de l’année 2011.  La 3e année du projet a été riche en activités dans les 14 clubs VDF du pays, malgré les turpitudes politiques et les drames que le pays a connus ces 8 derniers mois, et ce grâce à l’enthousiasme des jeunes.

Les jeunes des clubs de VDF se sont montrés très intéressés par les débats sur les enjeux de la démocratie et le devoir de mémoire organisés par FOKAL auxquelles ils ont beaucoup participés en posant des questions et en donnant leur lecture de la situation. Ils ont participé avec enthousiasme aux activités collectives réalisées en dehors de la capitale (camp d’été, séminaire de réflexion, groupes de parole après le séisme …).

Les animateurs des clubs ont pris de nombreuses initiatives, comme la création d’un réseau de communication téléphonique par sms et twitter, des sorties en commun, des formations au débat, des passerelles de solidarités entre les clubs, des commémorations du tremblement de terre du 12 janvier.

Le projet VDF a vu arriver de nouvelles animatrices  promues à la tête de certains clubs du réseau (Cote-Plage, Jérémie, Mon Repos), toutes des jeunes femmes membres de leur club, qui par leur dynamisme, leur détermination et leur sens de responsabilité, ont convaincu la directrice des programmes de FOKAL et le coordonnateur du projet de les confirmer à cette fonction de responsabilité.

Le projet VDF a vu partir d’autres animateurs, qui en raison de leurs responsabilités ailleurs, n’étaient plus assez disponibles pour répondre pleinement à leurs engagements au sein des clubs. Nous leur sommes très reconnaissants pour tous les efforts qu’ils ont consentis pour la mise en place et le développement de ce projet.

Le blog du projet, qui fêtera le 24 mai prochain, son 3e anniversaire, est resté très dynamique au cours des derniers mois. Attendez-vous à des nouveautés dans son interface, dans ses fonctionnalités, dans ses rubriques. Pensez à le visiter régulièrement pour en savoir plus.

Vos commentaires et propositions, vos critiques et recommandations, sont bienvenus afin de rendre le blog plus interactif, plus convivial, plus ludique, plus riche en informations. Nous espérons marquer cet anniversaire en atteignant la barre de 250 membres inscrits sur le blog avant le 24 mai.  Nous sommes à 134 membres jusqu’à date.

A ceux et celles qui ne se sont pas encore inscrits, c’est le moment !!

Jean-Gérard Anis, Coordonnateur du projet

Mémoire : les deux 26 avril qui ont sombrement marqué l’histoire

Le 26 avril 1986 a suspendu les oscillations et les tâtonnements
de la liberté retrouvée : la post-dictature est née.



Port-au Prince, 26 Avril 1986.

Deux mois et demi à peine se sont écoulés depuis le départ de la famille Duvalier et la fin de la dictature. La liberté est là, elle attend, parfois s'enthousiasme.

Le samedi 26 avril 1986, aux environs de neuf heures du matin, c'est avec une détermination non enthousiaste, avec gravité, que se regroupent au Sacré-Cœur de Turgeau quelques dizaines de personnes pour une célébration commémorative. Aucune d'elles n'est très jeune, la plupart viennent de l'étranger et ont fait coïncider leur premier retour en Haiti depuis 1963 avec ce jour.

Le 26 avril 1963 avait été une journée de massacres et d'exactions systématiques contre certaines familles de militaires soupçonnés d'avoir voulu kidnapper le fils de François Duvalier, Jean-Claude Duvalier, au Collège Bird à Port-au-Prince. Cette journée avait réussi à terrifier la population : des maisons avaient été incendiées avec leurs occupants, des enfants enlevés, des familles entières arrêtées, torturées, tuées, disparues.

Pour la première fois depuis vingt-trois ans, des parents, des intimes, des proches, enfants et adultes confondus, reçoivent un hommage symbolique de la part de ceux qui ont survécu à la dictature et à des représailles d'une violence sans pareille, par la fuite ou l'exil politique.

Apres la messe, il a été convenu de descendre par le Bois-Verna jusqu'au bas de la ville, à Chancerelles, sur les ruines du Fort-Dimanche, la prison de renommée sinistre où 1a plupart ont eu un proche, un/des parents emprisonnés, torturés, disparus. En février 1986, on a voulu dechouke (*) Fort-Dimanche : on a tenté d'extirper l'horreur d'entre les murs ; on a voulu démolir les murs pour conjurer l'horreur. Mais dans la réalité, Fort-Dimanche était devenu un arsenal, dépôt d'armes et de munitions, pour les militaires.

Rapidement, le groupe de départ se gonfle : des centaines de gens rejoignent le cortège initial, des personnes très âgées venant témoigner pour leurs petits-enfants ou petits neveux morts dans la vingtaine, des parents, des frères, des sœurs, des amis lorsque toute la famille a été décimée; de manière étonnante, les milieux sociaux se confondent : familles mulâtres particulièrement visées par Duvalier père, mais aussi de milieux populaires, qui pour la première fois osent sortir de l'anonymat et exprimer leur opposition au règne de l'arbitraire.

La foule commence à descendre le Bois-Verna, brandissant calmement des photos et des noms, et marque chaque fois un arrêt lorsqu'elle passe devant une maison connue pour avoir été le siège de violences, d'assauts, d'arrestations ou de morts.

Le cortège est impressionnant de gravité, de calme, de détermination.

La dénonciation est à la fois magistrale et monstrueuse.

Et surtout, elle se déroule publiquement et de manière ostentatoire, c'est cela qui importe, en faisant jaillir le passé de son occultation obligée.

Pour ceux qui assistent à cette marche, l'aube d'un espoir se profile. Extérieur aux débordements affectifs ou à la compassion que peut susciter une telle manifestation. Un changement national est encore possible, avec ce qu'il en coûtera.

La foule atteint Chancerelles et Fort-Dimanche vers treize heures. Au moment de la prise de parole convenue, des tirs éclatent, la foule a été infiltrée d'agitateurs, des militaires se sont regroupés à Fort- Dimanche sur l'ordre du Chef de la Police, un macoute bien connu mais non déchouké. Sous le prétexte que les manifestants veulent occuper la prison, les militaires tirent à bout portant, une débandade se produit qui met immédiatement fin à la commémoration. La foule s'égaille dans la violence et dans la peur.

Les blessés - dont on ne connaitra probablement jamais le nombre - prennent la fuite comme ils le peuvent.

Les morts demeurent sur place. Ils sont onze, personne n'ose venir les ramasser.

Aucunes funérailles ne seront célébrées pour eux : ils rejoindront la fosse commune de Titanyen, qui sera leur dernière sépulture.

Les communiqués officiels, commentant les événements, parleront de bavures inévitables, comme partout.

Le 26 avril 1986 a suspendu par la-même les oscillations et les tâtonnements de la liberté retrouvée : la post-dictature est née, et avec elle la perpétuation de violations des droits de l'Homme.

Les séquelles qui découlent des violations des droits de l'homme sont gravissimes, tant au plan physique qu'au plan psychologique, En outre, la violence qui accompagne toute situation de survie est endémique en Haïti, et se répercute sur les rapports sociaux en les malmenant continuellement. Le constat de cette violence constante a remis en question la notion même de victime.

Il est nécessaire qu’existe une réflexion sur la mémoire, sur l'exigence faite à une société d'oublier - de faire comme si elle oubliait - afin de survivre, alors que son passé même la porte à garder toujours présent le souvenir de son indépendance. Cette réflexion sur la mémoire s'aiguise sur le deuil et le travail de deuil autour duquel il est presque devenu classique de mettre en valeur les aspects paradoxaux d'une réalité disparue dont il convient d'endiguer la reviviscence plus ou moins tenace. La mémoire semble s'enliser et se perdre à travers des méandres où les logiques rationnelles classiques s'arrachent les cheveux ! Le passé ne semble pas produire de leçons à proprement parler, mais il continue de hanter l'identité des Haïtiens au plan collectif comme au plan individuel.

Le 26 avril 1986, lors de la commémoration dans le désastre des dramatiques événements d'avril 1963, rien n'avait été oublié : les nécessités de la survie en Haiti ou de l'exil avaient exigé l'enfouissement des traumatismes terribles, mais non leur disparition ni leur édulcoration.

Les souffrances privées méritaient donc d'être enfin nommées publiquement et d'attirer une reconnaissance de cette ère nouvelle qui ne s'appelait pas encore la post-dictature.

Or on demeure frappé par l'opacité dont les structures publiques ont fait preuve : volonté flagrante de ne pas admettre un passé qui exigeait une reconnaissance publique et pour ce faire, reprise de ce qui n'avait pas encore trouvé d'espace symbolique.

Comme si ce deuil n'était pas possible.

Puis, au fil des années, comme si le deuil était devenu impossible.

Comme si, jusqu'au jour d'aujourd'hui, la mémoire avait oublié de pouvoir faire le deuil de tout ce qui n'arrête pas de survenir.

Le 26 avril 1986 est pratiquement passé dans l'oubli. De même que l'on oublie ou que l'on ne prête plus attention aux multiples événements, tous dramatiques, qui ne cessent de survenir quotidiennement en Haïti... Peut-être justement parce qu'ils ne cessent de survenir : des camionnettes qui versent dans une ravine; deux ou trois individus - jamais nommés avec précision - sur qui on a tiré aujourd'hui, hier, il y a un mois ? Du bateau qui assure le trajet Jérémie-Port-au-Prince, parce qu'il n'y a pratiquement pas de route, et qui, faute d'entretien, coule dès le départ avec plus de 1 200 passagers, d'un ministre sur lequel l'on tire à bout portant, aux militants que l'on poursuit et que l'on torture systématiquement, des victimes du tremblement de terre, des personnes disparues aux personnes violentées, battues, violées, l'oubli magistral qui se dessine est celui des Droits de l'Homme.

C'est sur cet oubli magistral qu’il s’agit de se pencher, pour inciter le rêve du devenir haïtien à se remettre en marche.

Or le rêve et la mémoire ont partie liée.

L’un sans l'autre s'oublie et s'enlise dans la reproduction sans fin de fantasmes et d'horreurs. S'il est indéniable que les remous sociaux et la violence sont venus à bout de certaines formes de recours traditionnels au plan thérapeutique et culturel, cependant tout n'a pas disparu, il s'en faut !

L’homme haïtien n'a pas disparu, et l'on demeure parfois saisi devant l'aspect coriace de sa capacité à résister, à être debout, en dépit des exactions subies.

Mais le prix à payer est exorbitant en vies humaines comme en modifications tragiques des destinées : c'est à ce titre que la réflexion s’impose.

Cécile Marotte

Texte introductif à « Mémoire oubliée, Haïti 1991-1995 », réalisé par Cécile Marotte et Hervé Rakoto Razafimbahiny et publié aux Editions Regain et CIDIHCA en 1997.

(*) Déracinement, «arrachement de souche», Mot créole se référant à la justice populaire ciblant la personne et les immeubles des tontons-rnacoutes et autres alliés de la dictature

mercredi 20 avril 2011

Nouvèl FOKAL

Coup d’œil sur la programmation Arts & Culture du 25 au 29 avril 2011


Lundi 25 avril - 5 h pm CinéFokal - Démocraties et Dictatures : Mobutu, roi du Zaïre 


26 et 27 avril - 6 h pm Spectacle : Ayiti - avec Daniel Marcelin 

vendredi 29 avril - 6 h pm Musique : Trois femmes en concert - Tamara, Renette, Nirva 

Pour plus d’infos, lisez le programme Arts et Culture

Brèves
Bibliothèques : mises à jour du logiciel PMB




En 2008, la Bibliothèque Monique Calixte était arrivée à un carrefour où elle devait passer de la gestion manuelle de sa collection et de ses adhérents à une gestion informatisée pour répondre aux exigences et contraintes du temps comme tous les centres de documentation et bibliothèques du monde. Ce changement a été difficile puisqu'il fallait opter pour un système sur et fiable. Les responsables ont alors choisi un logiciel libre nommé PMB et ont dû se rendre à Chateau-du-Loir en France auprès des concepteurs de cette application web pour affiner leurs connaissances sur le logiciel avant de venir l'implanter à la bibliothèque. (lire la suite)

Bibliothèques : 21 ième conférence du Mortenson Center




Le 6 avril 2011, Elizabeth Pierre-Louis, directrice des programmes de la FOKAL, était invitée par le Mortenson center for international library programs  (Centre Mortenson pour les programmes internationaux de bibliothèque, aux Etats-Unis) afin de présenter la 21 ième conférence annuelle du centre. Son exposé était intitulé : « The invisible forces of Haiti : How can books and culture help the reconstruction process », « Les forces ‘invisibles’ d’Haïti : comment les livres et la culture peuvent aider le processus de reconstruction », en français. (lire la suite)


Martissant : grande rencontre autour des bourses scolaires




Samedi 16 avril, près de trois cents personnes se sont réunies à Martissant au cours d’une rencontre avec l’équipe de la FOKAL sur le programme de bourses de la fondation dans le quartier. Depuis 2008, la FOKAL finance 150 bourses par an sur critère d’excellence à Martissant. Les boursiers, leurs parents et les directeurs des dix écoles partenaires se sont réunis avec FOKAL dans le parc de Martissant. (lire la suite





Focus

VDF : Les jeunes réagissent aux élections présidentielles
Plusieurs points de vue convergents sont sortis de la position et des réactions des jeunes des clubs de Vague du futur par rapport aux élections législatives et présidentielles qui viennent de s’achever sur le territoire national, et à la victoire de Michel Martelly comme nouveau président élu d’Haïti. Au delà des prises de positions partisanes pour ou contre tel candidat, les jeunes sont intervenus autour de la question suivante : « Quels sont vos sentiments face aux élections ? ». Sur le plan communicationnel, les jeunes du club de Santo pensent que, pour ces élections, plus d’efforts ont été effectués pour informer les Haïtiens sur le processus électoral et pour les intéresser à y participer. (lire la suite)


Epinglés

Reportage sur Haïti Royaume de ce monde à Paris



Bibliothèques : mises à jour du logiciel PMB

En 2008, la Bibliothèque Monique Calixte était arrivée à un carrefour où elle devait passer de la gestion manuelle de sa collection et de ses adhérents à une gestion informatisée pour répondre aux exigences et contraintes du temps comme tous les centres de documentation et bibliothèques du monde. Ce changement a été difficile puisqu'il fallait opter pour un système sur et fiable. Les responsables ont alors choisi un logiciel libre nommé PMB et ont dû se rendre à Chateau-du-Loir en France auprès des concepteurs de cette application web pour affiner leurs connaissances sur le logiciel avant de venir l'implanter à la bibliothèque.

 Trois ans après, les composantes de cette application web ont évolué et nous avons fait face à des problèmes d’incompatibilité. Aussi, certains membres du staff qui ont reçu la formation en 2008 ont été affectés à d'autres tâches et certains ont laissé pour d'autres activités. Pour assurer la maintenance et la pérennité du système, la nouvelle équipe se devait d'aller vers les concepteurs pour se mettre à jour sur les changements qu'a subi le logiciel. C'est dans cette optique qu'en mars dernier, cinq membres du personnel de la Fokal sont allés suivre cette formation qui a duré cinq jours, repartie en trois jours de formation de base et deux jours de formation avancée sur l'utilisation de PMB et de sa maintenance. 

A leur retour, cette équipe a pu réviser tout le système et se trouve actuellement dans une phase d’observation avant d'exporter les changements au Centre Numa-Drouin, la deuxième bibliothèque du réseau de Fokal à être informatisée. 

Erick Toussaint 
Programme Bibliothèque

Bibliothèques : 21 ième conférence du Mortenson Center

Le 6 avril 2011, Elizabeth Pierre-Louis, directrice des programmes de la FOKAL, était invitée par le Mortenson center for international library programs  (Centre Mortenson pour les programmes internationaux de bibliothèque, aux Etats-Unis) afin de présenter la 21 ième conférence annuelle du centre. Son exposé était intitulé : « The invisible forces of Haiti : How can books and culture help the reconstruction process », « Les forces ‘invisibles’ d’Haïti : comment les livres et la culture peuvent aider le processus de reconstruction », en français. 

La conférence annuelle du Mortenson center est présentée par des spécialistes internationaux de la lecture publique. Cette lecture était inhabituelle car c’est la seule fois au sein du cycle de ces 21 conférences déjà réalisées que la situation d’un pays aura été par deux fois mise à l’honneur. En effet, Michèle D. Pierre-Louis avait donné une conférence au Mortenson center en 1997 : « Reading the minds of Democracy ». Une centaine de personnes ont participé à la conférence donnée cette année par Elizabeth Pierre-Louis, dont des professeurs, des élèves et des spécialistes de l’information. 

Situé au sein de la bibliothèque de l’université d’Illinois à Urbana-Champaign (UIUC), le Mortenson Center est une initiative unique qui permet à des bibliothécaires et autres spécialistes de l’information du monde entier de participer à des programmes conçus sur mesure (cours à l’école de bibliothéconomie, stages, participation aux conférences nationales, échanges professionnels). Actuellement, un groupe de dix-sept roumains est présent sur le campus dans le cadre de ce programme. A l’occasion de la célébration du vingtième anniversaire du centre en 2011, les héritiers Mortenson ont fait don d’un fonds important pour favoriser les échanges et le développement des bibliothèques dans le monde. 

La conférence donnée par Elizabeth Pierre-Louis sera bientôt disponible sur internet. Il est d’ores et déjà possible d’écouter une émission de la radio universitaire à ce sujet, en anglais. 

VDF : Les jeunes réagissent aux élections présidentielles

Plusieurs points de vue convergents sont sortis de la position et des réactions des jeunes des clubs de Vague du futur par rapport aux élections législatives et présidentielles qui viennent de s’achever sur le territoire national, et à la victoire de Michel Martelly comme nouveau président élu d’Haïti. 

Au delà des prises de positions partisanes pour ou contre tel candidat, les jeunes sont intervenus autour de la question suivante : « Quels sont vos sentiments face aux élections ? ». Sur le plan communicationnel, les jeunes du club de Santo pensent que, pour ces élections, plus d’efforts ont été effectués pour informer les Haïtiens sur le processus électoral et pour les intéresser à y participer. L’utilisation d’autres dispositifs d’information inédits (numéros d’information, internet, affichage dans les BED/BEC, etc.) pour informer les électeurs sur leurs centres de vote constituent des innovations majeures. 

Malgré les irrégularités enregistrées lors de ces élections (en particulier lors du premier tour du 28 novembre 2010), les jeunes de Martissant ont un sentiment de joie par le fait que la voix du peuple haïtien peut être encore respectée à travers son bulletin de vote. C’est là la preuve pour eux que la démocratie ne s’est pas totalement éteinte dans le pays. Il va maintenant falloir que le peuple sache accompagner et contrôler ce gouvernement qu’il a choisi lui-même. 

Sur le plan de la concurrence entre les candidats, bien que la population ait eu droit à une surexposition d’images, les jeunes de Santo pensent que les débats entre les candidats, pour permettre aux électeurs de faire la différence sur leur programme, n’atteignaient pas vraiment la dimension de notre réalité : ils ne restaient qu’au niveau de slogan. 

Sur la question relative à leurs attentes par rapport au nouveau président élu, certains disent n’en avoir aucune en ce sens. Plusieurs d’entre eux croient que c’est l’international qui tire les ficelles. Même réaction auprès des jeunes de Darbonne : « Haïti, malgré tout, n’est pas encore prêt pour organiser les élections puisque sans les étrangers, sans le financement international, il n’y a pas d’élections », note un camarade. 

D’autres du club de Santo pensent que c’est aux haïtiens eux-mêmes de prendre en main l’avenir de leur pays. « On ne peut pas laisser un pays entre les mains d’un homme », précise l’un d’eux. 

D’autres encore disent espérer que le nouveau président réalise ses promesses envers le peuple haïtien et que les conditions de vie de la population s’améliorent. Certains jeunes disent ne pas avoir d’attentes envers l’équipe gouvernementale qui sera formée autour du nouveau président, d’autres expriment leurs espoirs, particulièrement dans les domaines de l’accès à une éducation de qualité. D’un point de vue général et par rapport aux conjonctures du pays, les jeunes de Martissant pensent que les choses ne se passeront pas exactement comme Martelly le souhaite notamment parce qu’il n’a que trois députés au parlement. Or, ses décisions doivent être validées par le parlement où la majorité n’est pas en sa faveur. Par contre, en dépit de toutes ces difficultés, certains pensent que si Michel Joseph Martelly arrive vraiment à prouver que la scolarisation gratuite n’était pas des paroles de campagne, il sera un président exceptionnel. 

Mais face aux nombreuses choses qu’il a promises, les jeunes craignent que ses promesses ne se retournent contre lui avant même la fin de son mandat. En définitive, les jeunes attendent le démarrage des grands chantiers de la reconstruction afin de sortir dans un bref délai la population sous les tentes, anba prela, dra chire… 

Wisguerby Bellegarde (Club VDF de Santo), Max G. Saint Fleur et Maxandre Bien-Aimé (club VDF de Léogane-Darbonne) et Jennyfer J. Dérosier (Club VDF de Martissant)

Martissant : grande rencontre autour des bourses scolaires

Samedi 16 avril, près de trois cents personnes se sont réunies à Martissant au cours d’une rencontre avec l’équipe de la FOKAL sur le programme de bourses de la fondation dans le quartier. Depuis 2008, la FOKAL finance 150 bourses par an sur critère d’excellence à Martissant. Les boursiers, leurs parents et les directeurs des dix écoles partenaires se sont réunis avec FOKAL dans le parc de Martissant. 

A l’ombre des bâches suspendues pour l’occasion, chacun a pris la parole successivement pour exprimer ses remerciements à FOKAL mais aussi ses attentes. Parmi les préoccupations les plus importantes des élèves et de leurs parents figure l’accès à l’université après la fin du secondaire. Le souci d’encourager les enfants à poursuivre leurs études après le certificat a été très présent. Parmi les équipements que l’assemblée jugerait utile de mettre en place à Martissant, figurent les espaces sportifs, les centres informatiques et des espaces éclairés pour permettre aux enfants d’étudier une fois la nuit tombée. A cette occasion, Michèle Pierre Louis, présidente de FOKAL, a annoncé la construction prochaine d’une bibliothèque sur le terrain de l’ancienne résidence de Katherine Dunham, qui offrira des lieux de lecture et d’études, mais aussi d’accès aux nouvelles technologies de l’information. 

L’assemblée s’est montrée soucieuse également de l’image du quartier de Martissant, marginalisé et trop souvent considéré comme une zone de non droit. Cette stigmatisation nuit aux habitants du quartier et à l’amélioration de l’environnement de celui-ci. Constatant les nombreuses difficultés auxquelles sont confrontés les résidents de la zone, les faiblesses de l’Etat et les interventions à trop court terme de certaines organisations non étatiques, plusieurs intervenants ont conclu à la nécessité, pour chacun en tant citoyen, de reconnaître et assumer ses responsabilités pour un changement en profondeur des comportements et des conditions de vie. 

mercredi 13 avril 2011

Nouvèl FOKAL


Coup d’œil sur la programmation Arts & Culture de FOKAL 
la projection du film “Haïti : Préfète Duffaut et André Pierre” prévue pour le lundi 18 avril est remplacée par Le concert de Luck Mervil 


Jeudi 14 avril - 5 h pm 
Conférence : Le Jazz avec Michèle Pierre-Louis 

vendredi 15 avril - 4 h pm 
Arts : Vernissage de l’exposition Passeport pour le ciel 

vendredi 15 avril - 6 h pm 
Spectacle : Tchéky Karyo 

samedi 16 avril - 5 h pm 
Spectacle jeunesse : Lago... Lago... alarive timoun 

lundi 18 avril - 6 h pm 
Concert Luck Mervil 

mardi 19 avril - 6 h pm 
Musique : Tchéky Karyo en concert 

mercredi 20 avril - 6 h pm 
Poésie : Slam night


Pour plus d'infos, lisez la programmation Arts & Culture


Brèves

Claude Rosier nous a quittés

Claude A. Rosier était un infatigable militant pour les droits humains. Ses convictions étaient inébranlables. Il les avait pourtant payées très cher, d’un emprisonnement de 11 ans dans les infâmes geôles de la dictature des Duvalier, dont Fort-Dimanche. Il a fait le récit de cette sombre période dans le livre « Le triangle de la Mort, journal d’un prisonnier politique haïtien ». Après le retour en Haïti de Jean-Claude Duvalier, il a porté plainte contre ce dernier pour crime contre l’humanité. Il nous a quittés ce 11 avril des suites d’une crise cardiaque, à l’âge de 79 ans. (lire la suite)






Luck Mervil en concert à FOKAL

Le chanteur Luck Mervil sera en concert dans la salle FOKAL-UNESCO de la Fondation Connaissance et Liberté-FOKAL le lundi 18 avril dès 6h pm. L’auteur, compositeur et interprète proposera au public un voyage musical en revisitant quelques chansons de son répertoire. Il jouera pour la première fois sur scène une nouvelle composition qu’il a enregistré à Port-au-Prince avec la complicité de Carl Frédéric Behrmann : « Lakay se lakay ». (lire la suite)






Elargir l’horizon académique des infirmières

Josiane Hudicourt-Barnes, responsable du projet Universités-Partenariats participera à un séminaire à New York sur la réforme de la formation des infirmières en Haïti. Cette réunion est une initiative conjointe de l'Association des infirmières haïtiennes et du Hunter-Bellevue school of nursing de New York avec le support du Ministère de la santé publique. La FOKAL subventionne la participation de 5 membres de l'Association des infirmières à cette rencontre. (lire la suite)




Atelier de James Germain : une expérience à renouveler








L’atelier de chant financé et organisé par la Fondation Connaissance et Liberté-FOKAL au profit de dix jeunes talents s’est déroulé du 4 au 8 avril derniers à la salle FOKAL-UNESCO. James Germain, instigateur de cette formation, a fait appel à trois musiciens pour l’accompagner : le claviériste François Caleb, le guitariste Junior Dorcélus et le percussionniste Rodrigue Jean-Baptiste, mais aussi aux conseils et à l’expérience de Michèle Anduse, Jean-Guy Saintus et BélO. (lire la suite)





Staf pwogram bibliyotèk la te vizite bibliyotèk Grandans yo

Nan lide pou kontinye kore Bibliyotèk ki nan rezo FOKAL la, staf Pwogram Bibliyotèk la te tanmen nan dat ki te 4 pou rive 6 avril 2011 la yon seri vizit nan Bibliyotèk Jeremi, Koray ak Pestèl. Vizit sa yo te kòmanse nan Bibliyotèk Rene Belance nan Koray nan jou ki te 5 avril. Biblioyotèk sila genyen yon espas lekti ak yon espas pou animasyon (pwojeksyon). (lire la suite)







Parc de Martissant : les belles plantes

Dans le cadre de la création du parc de Martissant, Nouvèl FOKAL vous propose d’apprendre à mieux connaître les différentes espèces végétales qui peuplent le parc. Pour cette édition, nous nous proposons de vous conter l’histoire de l’arbre appelé Lam veritab en Haïti (artocarpus altilis). La feuille de cet arbre, très présent dans le parc, a inspiré le logo du parc de Martissant. Lam veritab détient par ses fruits des qualités nutritives et est un témoin de l’histoire d’Haïti. (lire la suite)





Focus

Les marches exploratoires : un nouvel outil dans la lutte contre les violences faites aux femmes

Deux animateurs du projet « Parc de Martissant » ont participé, durant ce mois d’Avril, à une formation d’ONU FEMMES à la méthodologie des marches exploratoires. Depuis son initiation à Toronto (Canada) en 1989, cet outil a été diffusé à travers divers réseaux « femmes et ville » ou « femmes et habitat », notamment en Argentine, au Chili, en Colombie et au Guatemala avec l’appui d’ONU FEMMES. (lire la suite)





Epinglés

Claude Rosier nous a quittés

Claude A. Rosier était un infatigable militant pour les droits humains. Ses convictions étaient inébranlables. Il les avait pourtant payées très cher, d’un emprisonnement de 11 ans dans les infâmes geôles de la dictature des Duvalier, dont Fort-Dimanche. Il a fait le récit de cette sombre période dans le livre « Le triangle de la Mort, journal d’un prisonnier politique haïtien ». Après le retour en Haïti de Jean-Claude Duvalier, il a porté plainte contre ce dernier pour crime contre l’humanité. Il nous a quittés ce 11 avril des suites d’une crise cardiaque, à l’âge de 79 ans. 

« L’erreur de tous les dictateurs et apprentis dictateurs, malgré les leçons de plusieurs siècles d’Histoire, c’est l’entêtement dans la croyance que la violence permanente est la meilleure solution pour dompter les peuples. S’il en était ainsi, Néron, Hitler, Mussolini, Duvalier, Prosper Avril, Cédras et tous les autres n’auraient jamais connu la faillite politique. Les peuples, même ceux qu’on qualifie d’arriérés, peuvent supporter pendant un certain temps la violence des autres, mais ils finissent toujours par se révolter pour mettre en pièces la machine infernale de la dictature », écrivait Claude Rosier dans « Le triangle de la Mort. Journal d’un prisonnier politique. 1966-1977 », publié en 2003 aux éditions Henri Deschamps avec le soutien de FOKAL. Plus récemment, il intervenait régulièrement dans les rencontres organisées par FOKAL et d’autres association de la société civile haïtienne, pour expliquer aux jeunes ce que fut cette dictature et quelles sont ses conséquences aujourd’hui.

Arrêté en 1966 à Petite Rivière de l’Artibonite dont il était originaire, sous Papa Doc, Claude Rosier a été libéré en 1977 sous Jean-Claude Duvalier. A sa libération, il est resté en Haïti, tentant de reprendre une vie normale. Le 16 février 1986, avec d’autres anciens rescapés des geôles des Duvalier, il fonda la Ligue des anciens prisonniers politiques haïtiens. En 1991, il contribua grandement à la réalisation de l’exposition de photographies de victimes du macoutisme qui a eu lieu à la Mairie de Port-au-Prince, exposition organisée par l’association des parents des victimes « Pa bliye ».

Le livre de Claude Rosier est disponible à la Bibliothèque Monique Calixte. « Les conditions terribles de la lutte politique, illégale sous la dictature, le sectarisme, l’indiscipline et leurs terribles conséquences sont évoqués par Claude Rosier dans ce récit terrifiant de onze années dans les prisons de François et Jean-Claude Duvalier, écrit Delano Gilbert en préface de l’ouvrage. Les lecteurs, nos compatriotes en particulier, pourront connaître ou se rappeler le prix payé pour parler de la liberté et de démocratie en Haïti et penser à leur concrétisation dans le pays ». 

Luck Mervil en concert à FOKAL

Le chanteur Luck Mervil sera en concert dans la salle FOKAL-UNESCO de la Fondation Connaissance et Liberté-FOKAL le lundi 18 avril dès 6h pm. L’auteur, compositeur et interprète proposera au public un voyage musical en revisitant quelques chansons de son répertoire. Il jouera pour la première fois sur scène une nouvelle composition qu’il a enregistré à Port-au-Prince avec la complicité de Carl Frédéric Behrmann : « Lakay se lakay ». 

Né en Haïti, Luck Mervil grandit au Québec et s'intéresse très tôt au chant, d'abord dans le cadre d'offices religieux où il fait partie de diverses chorales. À l'adolescence, il s'intéresse davantage à la musique pop mais surtout au reggae et aux courants alternatifs diffusés dans les radios étudiantes et communautaires de Montréal. C'est ainsi qu'il en vient à fonder, avec des musiciens qui partagent ses affinités musicales, le groupe RudeLuck au début des années quatre-vingt-dix. Le chanteur a par après sorti plusieurs albums en solo : « Aller simple » (1997), « Luck Mervil » (2000), « Soul » (2003), et « Ti peyi a » (2004), un album aux saveurs créoles avec le tube « Ti Marie », qui lui donne une grande notoriété en Haïti. 

Le chanteur, qui a fait ses débuts au cinéma dans le film « Betty Fisher et autres histoires » du réalisateur français Claude Millera, a tenu le rôle de Clopin dans la comédie musicale "Notre-Dame de Paris". 

Luck Mervil participera avec d’autres artistes à la soirée-hommage aux femmes impliquées dans la culture et la communication, « Ils chantent les femmes », organisée par le Ministère de la culture et de la communication ce vendredi 15 avril au Parc de la Canne à Sucre. 

Son concert le lundi 18 avril à la FOKAL est gratuit dans la limite des places disponibles. Le public doit retirer une invitation à FOKAL au 143 de l’avenue Christophe à partir du jeudi 14 avril.

Elargir l’horizon académique des infirmières

Josiane Hudicourt-Barnes, responsable du projet Universités-Partenariats participera à un séminaire à New York sur la réforme de la formation des infirmières en Haïti. Cette réunion est une initiative conjointe de l'Association des infirmières haïtiennes et du Hunter-Bellevue school of nursing de New York avec le support du Ministère de la santé publique. La FOKAL subventionne la participation de 5 membres de l'Association des infirmières à cette rencontre. 

Les infirmières sont l'épine dorsale du système de santé mais leur préparation en Haïti ne relève pas généralement des universités, ce qui limite leur possibilité d'avancement. Le but de cette initiative est de développer un programme qui permettra la spécialisation des infirmières et de leur offrir des programmes de maîtrise. 

Le diplôme d'infirmière en Haiti est généralement un diplôme terminal de 3 ans, et non pas une licence. Les infirmières qui voudraient continuer leurs études sont limitées par ce diplôme qui n’obtient pas d’équivalence au niveau universitaire. Cette initiative viserait à offrir une année de plus pour que des infirmières reçoivent une licence et aient accès à des programmes de maitrise. Des maitrises seraient ainsi offertes dans le futur pour des spécialisations en administration ou en santé publique ou dans d’autres filières qui permettraient l'avancement professionnel des infirmières dans des positions de supervision ou de services spéciaux. 

Atelier de James Germain : une expérience à renouveler

L’atelier de chant financé et organisé par la Fondation Connaissance et Liberté-FOKAL au profit de dix jeunes talents s’est déroulé du 4 au 8 avril derniers à la salle FOKAL-UNESCO. James Germain, instigateur de cette formation, a fait appel à trois musiciens pour l’accompagner : le claviériste François Caleb, le guitariste Junior Dorcélus et le percussionniste Rodrigue Jean-Baptiste, mais aussi aux conseils et à l’expérience de Michèle Anduse, Jean-Guy Saintus et BélO. 

Les séances de travail qualifiées d’échanges par James Germain se sont déroulées tous les jours de 9h30 à 16h30 pm. Il s’agissait pour les participants d’apprendre des techniques de respiration, d’improvisation, d’apprendre à chanter avec et sans micro, de préparer une prestation, mais aussi d’apprendre à se faire accompagner par des musiciens et à développer une complicité avec eux. 

James Germain a pris le temps d’écouter tour à tour chaque participant afin d’évaluer leurs atouts et leurs faiblesses. Ainsi, chaque artiste a eu des conseils spécifiques pour améliorer sa performance. 

Trois autres artistes ont visité les participants pendant la semaine. Michèle Anduse, chanteuse d’origine haïtienne résidant aux Etats-Unis, a mis l’accent sur les techniques respiratoires nécessaires pour bien chanter et garantir de pouvoir assurer un spectacle. Elle a aussi insisté sur l’expression corporelle et l’émotion à travers la voix. Elle a souvent demandé aux participants, à l’instar de James Germain, de se libérer en chantant. Jean-Guy Saintus et BélO sont également restés une matinée avec le groupe de stagiaires. Jean-Guy a parlé de présence scénique, tandis que BélO a partagé son expérience avec les artistes émergents. 

« Je suis marqué par cette semaine de formation. Je regrette que cela soit déjà la fin. J’aurais aimé que cela dure plus longtemps, nous aurions appris beaucoup plus. Aujourd’hui, je sais que si je veux faire carrière dans la musique, c’est un travail qui va au-delà du simple faite de savoir chanter », dit Evans Orélien. En effet, James Germain croit que ce travail effectué pendant une semaine avec ces jeunes devrait continuer. Il est conscient que ce temps alloué lui aura permis de donner quelques pistes à ces jeunes artistes : « je remercie la FOKAL qui a bien voulu organiser cette semaine d’atelier pour les jeunes. C’est très important que des artistes comme moi partagent leurs expériences avec ces jeunes qui sont les artistes de demain. Il faudrait que ce travail ne s’arrête pas là, car il y a encore beaucoup à faire… ». 

Le vendredi 8 avril, le public a eu l’opportunité d’apprécier le talent des participants de l’atelier de chant dans un concert acoustique. « J’ai passé une semaine extraordinaire en compagnie de James Germain, qui nous a appris de nouvelles techniques pour mieux chanter et j’ai pu échanger avec d’autres jeunes comme moi… », s’est réjouie Blousena Stéphanie Bigord au micro de Sadrac Charles de l’émission culturelle Pluriculture de radio Vision 2000, venu assister au concert.