Depuis plus d’un mois, les marchés sont envahis des mangues de toutes sortes, fransik, kòn, fil, miska, kanèl, jeremi, dont nous nous régalons, pendant que les pye mango de nos cours lâchent, de nuit comme de jour, leurs beaux fruits mûrs sur nos toits en faisant un beau « bong ». Les enfants s’amusent à cueillir ces fruits en lançant bouts de bois ou petits cailloux dans les manguiers. Nouvèl FOKAL et le parc de Martissant vous proposent d’en savoir un peu plus, aujourd’hui, sur ce fruit et sa production dans le pays.
Le manguier est originaire d’Inde et a été introduit dans les Caraïbes au XVIIIe siècle. Grâce à un double système racinaire, le manguier s’alimente en eau toute l’année : durant la saison pluvieuse, ses racines à l’horizontal captent l’eau superficielle, en hiver, ses racines plongent en profondeur pour capter l’eau. Un manguier peut vivre plus de 100 ans.
François Séverin, auteur de Plant ak pyebwa tè d’Ayiti, a recensé 158 variétés différentes de manguiers. La mangue est, dans le monde, l’un des fruits les plus exportés. Haïti ne fait pas exception. La saison de production de la mangue en Haïti est l’une des plus longues de tout le bassin caribéen. En 2009, d’après la Banque de la République d’Haïti, les revenus des exportations de mangues s’élevaient à plus de dix millions de dollars américains, soit un tiers des exportations agricoles. La mangue fraîche exportée, principalement vers les Etats-Unis, est la mangue francisque, produite uniquement en Haïti. L’association nationale des exportateurs de mangues (ANEM), ses entreprises membres (comme Agropak ou JMB S.A.) et plusieurs ONG dont ORE à Camp Perrin (Organisation pour la réhabilitation de l’environnement), travaillent à l’amélioration de la filière. ORE a ainsi développé de nouvelles variétés plus savoureuses et résistantes et travaille aujourd’hui à la production de mangues séchées empaquetées. Plusieurs coopératives agricoles à Ennery, Gros Morne, Petite Rivière de l’Artibonite, Léogane ou Cabaret sont parvenues à faire certifier « biologique » leur production, afin d’atteindre de nouveaux secteurs du marché à l’étranger.
Pour l’exportation, plusieurs problèmes se posent : tout d’abord la cueillette. ORE et AVSF ont amélioré le système de collecte en recueillant les fruits dans l’arbre avant qu’ils ne tombent pour éviter qu’ils ne se gâtent. Ensuite, le transport est un souci car les routes en mauvais état risquent d’abîmer les fruits. Mais l’un des plus gros problèmes pour l’exportation est la présence éventuelle de larves de la mouche de la mangue dans les fruits. Les mangues sont donc contrôlées à leur arrivée chez les exportateurs. Si elles portent les larves, elles sont jetées. Dans le cas contraire, elles sont plongées dans un bain d’eau à 50° celsius pour tuer les larves et ainsi prévenir leur développement. Puis elles sont mises en boîte et expédiées à l’étranger. L’exportation de la mangue fraîche représente un fort potentiel de développement pour le pays.
Néanmoins, la plupart des mangues produites en Haïti sont consommées localement. La mangue contient de la vitamine A, de la vitamine C et des antioxydants recommandés dans l’alimentation quotidienne. Les feuilles du manguier ont également des propriétés antiseptiques. Ainsi, sommes nous invités à continuer à manger des mangues, en plus de profiter de l’ombre dense prodiguée par ce grand arbre le long des chemins ensoleillés pour prendre du repos et rêver au développement de l’agriculture haïtienne.