Mme Cécile Marotte, qui dirige les espaces de parole du projet Martissant de FOKAL, participera du 7 au 28 novembre 2010 à un séminaire sur la santé mentale dans les contextes post-conflit et/ou post-désastres à Orvieto, en Italie. Il s’agit d’une formation professionnelle co-organisée par le Harvard Program in Refugee Trauma (HPRT), le Massachussetts General Hospital et l’Instituto Superiore Di Sanita du Ministère de la Santé Italien. Le séminaire, assuré par des spécialistes (Américains, Suédois, Italiens, Japonais et Australiens) de renommée internationale en santé mentale post-conflit et post-désastre, sera suivi par six mois de formation à distance.
HPRT note qu’aujourd’hui dans le monde plus d’un milliard de personnes sont affectées par la violence et les désastres. La mission de ce programme de l’université de Harvard est de proposer une approche multidisciplinaire (à la fois scientifique et culturelle) pour la réduction de la souffrance, pour soulager les handicaps et pour aider les survivants à construire leur résilience. Le programme vise à créer un réseau international de spécialistes.
Cécile Marotte apportera à ce séminaire son expérience particulière dans la création et l’implantation des Espaces de parole pour FOKAL à Martissant. ESPACE DE PAROLE est la méthodologie mise en œuvre dans la communauté de Martissant, allant de pair avec l’implantation du projet de mise en place d’un parc naturel à Martissant. Il s’agit d’une méthodologie novatrice et spécifiquement adaptée aux communautés vulnérables qui ont eu à subir des violences répétées (politiques, sociales et/ou naturelles) et à y répondre pour survivre.
Méthodologie novatrice car elle part du postulat que la majeure partie de la communauté aspire à vivre normalement et que la violence subie n’a pas nécessairement entamé ce désir. A partir de ce présupposé, la rencontre de la communauté se fait à travers des réunions régulières organisées sur la base d’invitations formelles concernant l’implantation d’un projet lui-même novateur au cœur des quartiers pauvres de Martissant, largement négligés par les services publics ( voirie, éclairage, santé, écoles) et entachés d’une image négative concernant la sécurité. Progressivement la communauté se sent non seulement concernée par le projet mais surtout écoutée sur les modalités de sa vie : ce qui a été subi, ce qui continue à l’être, comment en sortir, comment enfin, participer à quelque chose.
Le rythme, la régularité et le cadre des rencontres est essentiel et doit se poursuivre sur le long terme. Que les Espaces de parole aient pu se dérouler dans le cadre même du futur parc a été un atout majeur, assurant et rassurant la communauté sur la pérennité du projet ainsi que sur sa participation aux avancements du projet. Apparemment simples à réaliser, les Espaces de parole exigent cependant des intervenants une bonne préparation car ce n’est pas que le projet qui est en question, c’est aussi l’histoire de vie des quartiers qui commence à trouver un sens et qui suscite une réflexion citoyenne. Les Espaces de parole peuvent donc avoir, indirectement, une portée thérapeutique sans que jamais il ait été question d’outils cliniques spécifiques.
Adaptés également à des contextes d’urgence générant de graves traumatismes, les Espaces de parole ont eu leur place dans le traitement des séquelles du séisme du 12 Janvier 2010. La FOKAL a initié cette orientation, construit les modalités d’intervention et a veillé à leur bon déroulement afin de maintenir le contact avec la communauté, quelque soit son vécu.