Trois fanfares, un orchestre philharmonique, un orchestre de chambre et deux ensemble de jazz ; des cours de piano, de violon, de viola, de violoncelle, de clarinette, de saxophone, de flûte, de tuba, de trompette, de trombone, de basson, de percussion, de guitare, de basse et de théorie musicale ; un auditorium de 300 places, 900 élèves et plus de 300 instruments de musique : voici en quelques mots la carte de visite de l’école de musique Dessaix-Baptiste de Jacmel, que la Fokal appuie depuis de nombreuses années.
L’École de musique de Jacmel a été créée le 21 mars 1998 avec l’idée d’éduquer les jeunes par les arts et la culture. L’objectif de l’École de musique Dessaix-Baptiste est de donner aux jeunes Jacmeliens une formation musicale de valeur accessible à tous. Par cette formation, ces jeunes peuvent devenir professeurs, chefs d’orchestre, compositeurs.
Un deuxième objectif, plus spécifique, est d’offrir un enseignement musical à des enfants très défavorisés de la ville. De concert avec une organisation locale qui s’occupe de ces enfants, l’école de musique Dessaix-Baptiste offre à certains d’entre eux un enseignement musical gratuit depuis septembre 2003.
Aujourd’hui, 900 élèves fréquentent l’école, encadrés par sept professeurs et douze moniteurs. Les élèves les plus avancés peuvent être moniteurs et aider les professeurs en s’occupant des élèves débutants. La formation des élèves aide aussi l’école à épargner à l’avenir des dépenses que nécessitent les salaires versés aux professeurs venus de Port-au-Prince. Ils peuvent également gagner leur vie en offrant leur service à des orchestres de la ville ou à d’autres écoles de la République, par exemple l’école de musique Sainte-Trinité à Port-au-Prince. La mensualité s’élève à 200 gourdes (5 dollars), mais beaucoup de jeunes se voient dans l’impossibilité de la payer régulièrement.
De concerts en échanges
L’école Dessaix-Baptiste organise fréquemment des concerts et des récitals pour le public Jacmélien dans son auditorium. Les fanfares jouent également lors de funérailles ou d’événements historiques ; tandis qu’un groupe de musique entièrement féminin joue tous les ans pour le carnaval national. La fanfare et le big band participent aussi au moins une fois par an à des évènements en dehors de Jacmel ; en novembre 2009, le big band jouait à Port-au-Prince dans le cadre du festival « Musique en folie ».
Neuf camps d’été ont été organisés depuis l’ouverture de l’école. Le camp d’été 2009 a bénéficié des services de 14 professeurs bénévoles venus des États-Unis, du Canada, de Chine, d’Angleterre, de Cuba (avec l’appui de l’Unesco) et bien sur d’Haïti. En 2010, compte tenu de la situation post-séisme, l’école n’a pu organiser de camp d’été mais a quand même tenu à accueillir sept volontaires américains pour qu’ils dispensent des cours durant le mois d’août.
L’école essaie toujours renforcer la qualité de son enseignement. Certains anciens élèves de l’école devenus professeurs ont pu, grâce à des invitations, développer leurs connaissances et leurs talents dans des universités et conservatoires aux Etats-Unis et sont ensuite revenus enseigner à Jacmel (c’est le cas de l’actuel chef d’orchestre et professeur de violon). Par ailleurs, une des élèves de percussion a reçu une bourse pour poursuivre ses études au conservatoire de Cuba.
Après sa naissance et grâce aux efforts et à l’aide du Ministère du Tourisme, d’institutions et d’organismes comme l’UNESCO et la Fondation Connaissance et liberté (FOKAL), l’Union européenne, la coopération française en Haïti, l’ambassade du Japon, l’aide à l’enfance du Canada, le Fonds canadien, le ministère de la culture, la Fondation Barbancourt, le secteur privé haïtien, l’école a pu acquérir son propre local avec deux grandes salles d’études dont un auditorium de 300 places, ainsi que plus de 300 instruments de musique de toutes catégories.
A long terme, l’école Dessaix-Baptiste prévoit de se développer et d’ouvrir d’autres filières artistiques telles que la danse, le théâtre et l’artisanat. Pour le moment, le local dans lequel l’école est installée ne permet pas ce développement. Des plans ont été réalisés pour la construction d’un autre local plus approprié, mais les fonds ne sont à ce jour pas encore réunis pour permettre cette réalisation.
Julie Rozé