LE PROGRAMME DE MARS 2011
A L'AFFICHE
Dictatures, pratiques et résistances : une journée de réflexion
Six Femmes d'exception, d'Arnold Antonin
Festival Kont anba Tonèl
CinéFokal : le cycle démocraties et dictatures
A L'AFFICHE
Dictatures, pratiques et résistances : une journée de réflexion
Six Femmes d'exception, d'Arnold Antonin
Festival Kont anba Tonèl
CinéFokal : le cycle démocraties et dictatures
AMERICAN CORNER
Les jeudis : le cinéclub
Les vendredis : le club d'anglais
Les samedis : Le club d'échecs
Les jeudis : le cinéclub
Les vendredis : le club d'anglais
Les samedis : Le club d'échecs
Calendrier
jeudi 24 mars - 6 h pm
Spectacle - Festival Kont Anba Tonèl
vendredi 25 mars - 5 h pm
Cinéma - Six Femmes d'exception
du jeudi 24 au dimanche 27 mars
Spectacles - Festival Kon anba Tonèl
samedi 26 mars - 10 h am
Evénement - Journée de réflexion
Dictatures, pratiques et résistances
lundi 28 mars - 5 h pm
CinéFokal - cycle Démocraties et Dictatures : Salvador Allende
mardi 29 mars - 5 h pm
CinéFokal - cycle Démocraties et Dictatures : Idi Amin Dada
samedi 2 avril - 10 h am
Evénement - Conférence - débat
Présentation du livre de Bernard Diederich : Jean-Claude Duvalier, l'Héritier
EVENEMENTS
SALLE FOKAL UNESCO - ENTREE LIBRE
CINEMA - SIX FEMMES D'EXCEPTION , un film de d'Arnold Antonin. Documentaire, Haïti, 2011, 85 min
La plus jeune a 80 ans, la plus âgée 105. Elles sont toutes actives et créatives et ont contribué de façon remarquable à la vie culturelle et sociale de leur pays. Chacune a l'élixir de Jouvence et nous en révèle les secrets. Ce sont toutes des femmes d'exception.
Six femmes d'exception, le dernier documentaire d'Arnold Antonin, est avant tout un travail de mémoire. Le film campe les portraits de six femmes haïtiennes qui, chacune à leur manière, ont marqué l'histoire de leur pays : La pianiste Micheline Laudun Denis évoque ses débuts dans la musique, ses expériences musicale, sa famille, ses enfants qui font tous de la musique ; Viviane Gauthier qui a consacré sa vie a la danse, continue, à 93 ans, de danser et d'enseigner ; Emerante de Pradines, chanteuse de musique traditionnelle et comédienne rêve avant de mourir de fonder une école d'art et de créer une bibliothèque ; Madeleine Desrosiers, sage-femme centenaire, pleine de vitalité, joviale, sympathique et généreuse, est considérée dans sa localité comme la mère de tous et comme un patrimoine vivant ; Odette Roy Fombrun, écrivain et éducatrice, compte une cinquantaine de publications. Elle est lectrice critique aux éditions Henri Deschamps où elle continue de travailler et d'apporter de la chaleur. Paulette Poujol Oriol, écrivain, dramaturge, metteur en scène et comédienne, est décédée le vendredi 11 mars, à 13 h 30, quelques heures avant la projection en avant-première du documentaire. Elle avait pour passion l'art, l'écriture et l'enseignement. Elle a passé toute sa vie à enseigner le théâtre et la littérature. Elle avait une quinzaine d'ouvrages en chantier, dont une vaste anthologie sur les femmes haïtiennes en collaboration avec l'écrivain Kettly Mars.
Six femmes d'exception, le dernier documentaire d'Arnold Antonin, est avant tout un travail de mémoire. Le film campe les portraits de six femmes haïtiennes qui, chacune à leur manière, ont marqué l'histoire de leur pays : La pianiste Micheline Laudun Denis évoque ses débuts dans la musique, ses expériences musicale, sa famille, ses enfants qui font tous de la musique ; Viviane Gauthier qui a consacré sa vie a la danse, continue, à 93 ans, de danser et d'enseigner ; Emerante de Pradines, chanteuse de musique traditionnelle et comédienne rêve avant de mourir de fonder une école d'art et de créer une bibliothèque ; Madeleine Desrosiers, sage-femme centenaire, pleine de vitalité, joviale, sympathique et généreuse, est considérée dans sa localité comme la mère de tous et comme un patrimoine vivant ; Odette Roy Fombrun, écrivain et éducatrice, compte une cinquantaine de publications. Elle est lectrice critique aux éditions Henri Deschamps où elle continue de travailler et d'apporter de la chaleur. Paulette Poujol Oriol, écrivain, dramaturge, metteur en scène et comédienne, est décédée le vendredi 11 mars, à 13 h 30, quelques heures avant la projection en avant-première du documentaire. Elle avait pour passion l'art, l'écriture et l'enseignement. Elle a passé toute sa vie à enseigner le théâtre et la littérature. Elle avait une quinzaine d'ouvrages en chantier, dont une vaste anthologie sur les femmes haïtiennes en collaboration avec l'écrivain Kettly Mars.
* * *
SAMEDI 26 MARS - de 10 H PM à 4 H PMDictatures, pratiques et résistances
une journée de réflexion
10 H AM - Conférence-débat : Le printemps arabe : la situation actuelle dans les pays d'Afrique du Nord par le Dr Béchir Lamine, représentant de l'Unesco en Haïti
Un exposé sur la situation des pays où les dictateurs viennent de tomber (Tunisie, Egypte...), tentera d'expliquer ce qu'étaient ces dictatures et ce qui a permis à des mouvements populaires de les faire tomber. Béchir Lamine, directeur de l'Unesco, interviendra dans cette conférence, avec un journaliste qui connait bien la région. Un modérateur fera le lien par ses questions avec ce que représente la dictature pour les jeunes haïtiens.
12 H AM - Projection : L'Homme sur les Quais, un film de Raoul Peck, fiction, 1993, 1 h 45 min.
A travers l'histoire d'une petite fille, l'évocation de la dictature des Duvalier. avec Jennifer Zubar, Toto Bissainthe, Jean-Michel Martial, Patrick Rameau, Mireille Métellus, François Latour
Port-à-Piment, une petite ville de province dans l'Haïti des Duvalier. Période rouge-sang. Des familles entières sont décimées, l'arbitraire devient institutionnel... Le cinéaste haïtien Raoul Peck prend comme toile de fond la répression politique de la dictature duvaliériste pour ce long métrage réalisé en 1993. C'est dans cette atmosphère de violence et de répression que la protagoniste du film, la petite Sarah, âgée de huit ans, est témoin d'une scène traumatisante qui reste gravée dans sa mémoire. L'enfant refoule dans son inconscient ce drame qu'elle tentera, une fois parvenue à l'âge adulte, de faire remonter à la conscience et de comprendre.
Raoul Peck nous conduit aux confins du rêve et de la réalité, entre conscience et inconscient dans les souvenirs hallucinés de Sarah qui creuse sa mémoire, l'interroge pour recomposer le passé enterré et disloqué d'une enfance brisée.
2 H PM - Conférence-débat : La dictature sous Duvalier par Vertus Saint Louis
Port-à-Piment, une petite ville de province dans l'Haïti des Duvalier. Période rouge-sang. Des familles entières sont décimées, l'arbitraire devient institutionnel... Le cinéaste haïtien Raoul Peck prend comme toile de fond la répression politique de la dictature duvaliériste pour ce long métrage réalisé en 1993. C'est dans cette atmosphère de violence et de répression que la protagoniste du film, la petite Sarah, âgée de huit ans, est témoin d'une scène traumatisante qui reste gravée dans sa mémoire. L'enfant refoule dans son inconscient ce drame qu'elle tentera, une fois parvenue à l'âge adulte, de faire remonter à la conscience et de comprendre.
Raoul Peck nous conduit aux confins du rêve et de la réalité, entre conscience et inconscient dans les souvenirs hallucinés de Sarah qui creuse sa mémoire, l'interroge pour recomposer le passé enterré et disloqué d'une enfance brisée.
2 H PM - Conférence-débat : La dictature sous Duvalier par Vertus Saint Louis
Pour explorer plus en profondeur la façon dont est née la dictature de François Duvalier. Quel a été, en Haïti, le terreau qui a permis à cette dictature de s'installer ? Quels en furent les « signes avant-coureurs » ? Cela pourrait-il aujourd'hui recommencer ?
* * *
SAMEDI 2 AVRIL - de 10 H PM à 12 H 30 AM
Conférence - débat
Présentation du livre de Bernard Diederich
Jean-Claude Duvalier, l'Héritier
Avec Bernard Diederich et Jean-Claude Bajeux
Ce nouveau livre, deuxième tome de l'ouvrage Le Prix du Sang, commence à la mort du dictateur François Duvalier en 1971 et se termine par la fuite de la famille Duvalier, le 7 février 1986.
Il se concentre sur l'histoire encore peu connue de Jean-Claude (Baby Doc) Duvalier dans la vision d'une continuité dynastique, père-fils qui, jusqu'à aujourd'hui, pèse sur le destin du pays.
Il se concentre sur l'histoire encore peu connue de Jean-Claude (Baby Doc) Duvalier dans la vision d'une continuité dynastique, père-fils qui, jusqu'à aujourd'hui, pèse sur le destin du pays.
American Corner - Le Cinéclub
salle de l'annexe - entrée libre
JEUDI 24 MARS - 2 H PM - Akeelah and the Bee, un film de Doug Atchison, 2006, 112 min. Avec Keke Palmer, Angela Bassett, Laurence Fishburne
Le film raconte l'histoire d'Akeelah Anderson, une fillette de 11 ans qui participe au "Spelling Bee", une de ces compétitions d'orthographe pour écoliers devenues très populaires ces dernières années aux USA. C'est une activité parascolaire hautement compétitive, qui culmine chaque année au championnat national à Washington, le « Scripps National Spelling Bee ».
C'est dans ce monde de mots que se trouve propulsée Akeelah Anderson, une écolière noire de 11 ans à Crenshaw, un des quartiers les plus violents de Los Angeles. Sa mère élève seule ses enfants depuis l'assassinat de son mari. Le frère aîné est dans l'armée, la soeur aînée a déjà un bébé sans père, un autre frère adolescent se mêle de trop près au gang local et se retrouve régulièrement au poste de police. Akeelah, la cadette, se réfugie dans les mots pour échapper aux disputes et aux bruits d'hélicoptères survolant son quartier.
C'est au hasard d'une punition que le directeur découvre son talent pour l'orthographe, et un coup de chance lui permet de passer les sélections locales. Il s'agit désormais de se préparer sérieusement au championnat californien qui l'enverra - ou non - à Washington. Elle est prise en main par le professeur Larabee, un ancien professeur de littérature, avec son propre passé tragique. Il devient son entraîneur et s'applique à lui inculquer non seulement la mnémotechnique, mais aussi un minimum de culture.
Le film présente aussi une vision encourageante d'un quartier plus connu pour ses meurtres quotidiens que pour le talent de ses écolières. Quand Akeelah se fait sélectionner pour la finale et qu'elle n'a que quelques mois pour mémoriser des milliers de mots, son école et le quartier tout entier se mobilisent pour l'encourager et l'aider. On la voit réciter avec les retraités, les commerçants, les gangsters. Morale de l'histoire : la mauvaise réputation de Crenshaw cache au fond une communauté chaleureuse et solidaire, qui aurait peut-être juste besoin de meilleures écoles ...
Le film n'échappe pas aux clichés de rédemption à l'américaine, mais il vaut la peine d'être vu, car il est attachant et positif. Il a ses moments de grâce, comme quand Akeelah tombe sur le mot « pulchritude ». La tension est au maximum. Arrivera-t-elle à l'épeler ? Peu importe, car on lit soudain sur son visage que ce qui compte, ce ne sont plus les lettres qui composent ce mot, mais la perspective qu'il ouvre par son sens et son histoire : la beauté, et la beauté de tous les mots qui nous ont été transmis, enrichis de son et de sens, depuis l'origine immémoriale de la parole.
C'est dans ce monde de mots que se trouve propulsée Akeelah Anderson, une écolière noire de 11 ans à Crenshaw, un des quartiers les plus violents de Los Angeles. Sa mère élève seule ses enfants depuis l'assassinat de son mari. Le frère aîné est dans l'armée, la soeur aînée a déjà un bébé sans père, un autre frère adolescent se mêle de trop près au gang local et se retrouve régulièrement au poste de police. Akeelah, la cadette, se réfugie dans les mots pour échapper aux disputes et aux bruits d'hélicoptères survolant son quartier.
C'est au hasard d'une punition que le directeur découvre son talent pour l'orthographe, et un coup de chance lui permet de passer les sélections locales. Il s'agit désormais de se préparer sérieusement au championnat californien qui l'enverra - ou non - à Washington. Elle est prise en main par le professeur Larabee, un ancien professeur de littérature, avec son propre passé tragique. Il devient son entraîneur et s'applique à lui inculquer non seulement la mnémotechnique, mais aussi un minimum de culture.
Le film présente aussi une vision encourageante d'un quartier plus connu pour ses meurtres quotidiens que pour le talent de ses écolières. Quand Akeelah se fait sélectionner pour la finale et qu'elle n'a que quelques mois pour mémoriser des milliers de mots, son école et le quartier tout entier se mobilisent pour l'encourager et l'aider. On la voit réciter avec les retraités, les commerçants, les gangsters. Morale de l'histoire : la mauvaise réputation de Crenshaw cache au fond une communauté chaleureuse et solidaire, qui aurait peut-être juste besoin de meilleures écoles ...
Le film n'échappe pas aux clichés de rédemption à l'américaine, mais il vaut la peine d'être vu, car il est attachant et positif. Il a ses moments de grâce, comme quand Akeelah tombe sur le mot « pulchritude ». La tension est au maximum. Arrivera-t-elle à l'épeler ? Peu importe, car on lit soudain sur son visage que ce qui compte, ce ne sont plus les lettres qui composent ce mot, mais la perspective qu'il ouvre par son sens et son histoire : la beauté, et la beauté de tous les mots qui nous ont été transmis, enrichis de son et de sens, depuis l'origine immémoriale de la parole.
CinéFokal
salle Fokal Unesco - entrée libre
Cycle mensuel "Démocraties et dictatures"
LUNDI 28 MARS - 5 H PM - Salvador Allende, un film de Patricio Guzmán. Documentaire, Chili, 2003, 100 min
Je me souviens du 11 septembre 1973, jour sombre où l'Amérique fomenta un coup d'Etat pour abattre la révolution pacifique et démocratique qui se construisait dans mon lointain pays, le Chili, éliminant son Président de la République, Salvador Allende, ce "fils de p..." comme se plaisait à le dire Richard Nixon. Je n'oublierai jamais la brutalité de la dictature alors mise en place pour plus de 17 années, années de souffrance, de mort, d'exil et d'écrasement de la mémoire. Il est temps de se souvenir de Salvador Allende, cet homme atypique, révolutionnaire et fanatique de démocratie jusqu'au suicide, pour des raisons historiques certes, mais aussi pour sa cruelle actualité...
Patricio Guzmán
Incontournable figure historico-politique de l'Amérique latine démocratique, le président Salvador Allende a donné sa vie pour le Chili, son pays. Son passage à la tête de l'état a laissé des traces indélébiles. Le coup d'État militaire conduit par un général Augusto Pinochet, encouragé et soutenu par la CIA, qui détruisit le Palais présidentiel et provoqua le suicide d'Allende, a lui aussi marqué à jamais l'histoire chilienne et mondiale. Patricio Guzmán se penche avec passion et clairvoyance sur le destin, la personnalité et les actions de Salvador Allende. Son film retrace son ascension jusqu'à son suicide forcé il y a trente ans. Il rend compte d'une aventure politique à la fois hors du commun et hautement représentative. Car, un peu plus de trente ans après les tentatives de gestion sociale d'une terrible crise économico-politique, les interventions (visibles ou non) de forces étrangères inquiètes pour leurs intérêts, et les diverses manipulations médiatiques restent évidemment d'une incroyable actualité. Leur analyse se révèle même riche d'enseignements durables. Les témoignages et les images d'archives - tournées par Patricio Guzmán lui-même - de discours publics ou d'actions militaires alternent avec des retours sur les lieux réels ayant marqué la vie d'Allende. Ces éléments historiques se fondent avec des considérations très personnelles qui, ainsi, permettent d'outrepasser les limites d'un documentaire simplement informatif (ou investigateur) pour toucher, concerner, émouvoir. Salvador Allende est un douloureux témoignage sur le passé, qui éclaire d'un jour nouveau notre présent et notre futur.
MARDI 29 MARS - 5 H PM - Général Idi Amin Dada, Autoportrait, un film de Barbet Schroeder. Documentaire, France, 1974, 86 min
Ancienne colonie anglaise d'Afrique de l'Est située dans la région des Grands Lacs et indépendante depuis 1962, l'Ouganda tombe en 1971 sous la férule d'un officier militaire putschiste, le général Idi Amin Dada, avec le soutien tacite des Occidentaux. Une fois au pouvoir, il s'octroie les pleins pouvoirs, crée une variante locale des escadrons de la mort qui fait place nette au sein de l'opposition et des élites locales et instaure un climat de terreur (au bas mot, 300.000 victimes).
En 1974, le réalisateur Français Barbet Schroeder réalise Général Idi Amin Dada, Autoportrait, un épisode d'une série de documentaires destinée à la télévision dont le projet initial était de tirer le portrait de quelques chefs d'État de l'époque. Mais le film se transformera en fait en un implacable révélateur qui souligne les singuliers contrastes d'un dictateur pour le moins ubuesque qui se met lui-même en scène et choisit avec soin ?... les décors du théâtre de son propre pouvoir. Le principe du film est «simple» : laisser le dictateur maître à bord du tournage. C'est en effet Amin Dada qui décide seul des endroits à visiter - Barbet Schroeder a seulement dû insister pour filmer le conseil des ministres -, des lieux à montrer, et surtout c'est lui qui donne les indications au caméraman ; il devient donc metteur en scène de son propre film, et par conséquent auteur involontaire de sa propre critique. Barbet Schroeder le laisse petit à petit s'enfoncer dans l'horreur de ses propos. La dénonciation est subtile : Amin Dada donne de lui l'image d'un homme jovial, et affable; et c'est justement ce rire radieux qui lui sert de réponse quand on lui demande s'il a vraiment dit que « l'erreur d'Hitler est de ne pas avoir tué assez de Juifs » qui terrifie. C'est aussi en observant les gestes et attitudes de son entourage que l'on comprend la terreur qu'il fait régner - voir la séquence où il critique l'action de l'un de ses ministres ; on apprendra plus tard que le corps de celui-ci a été retrouvé dans un fleuve. Idi Amin Dada utilisait souvent les crocodiles pour régler les affaires courantes... On suit donc le portrait de ce dictateur ubuesque et sanguinaire, autoproclamé "Dernier Roi d'Ecosse", partagé entre la consternation et l'effroi. Barbet Schroeder a néanmoins parfois recours au montage afin de recadrer son propos : il n'omet pas par exemple d'ouvrir son film sur une exécution capitale, image insoutenable qui obsédera le spectateur qui risquerait de ne voir en Amin Dada qu'un bouffon futile. Bouffon tragique plus exactement, et la conclusion nous rappelle qu'il est peut-être plus proche de nous qu'on ne voudrait le croire.
Incontournable figure historico-politique de l'Amérique latine démocratique, le président Salvador Allende a donné sa vie pour le Chili, son pays. Son passage à la tête de l'état a laissé des traces indélébiles. Le coup d'État militaire conduit par un général Augusto Pinochet, encouragé et soutenu par la CIA, qui détruisit le Palais présidentiel et provoqua le suicide d'Allende, a lui aussi marqué à jamais l'histoire chilienne et mondiale. Patricio Guzmán se penche avec passion et clairvoyance sur le destin, la personnalité et les actions de Salvador Allende. Son film retrace son ascension jusqu'à son suicide forcé il y a trente ans. Il rend compte d'une aventure politique à la fois hors du commun et hautement représentative. Car, un peu plus de trente ans après les tentatives de gestion sociale d'une terrible crise économico-politique, les interventions (visibles ou non) de forces étrangères inquiètes pour leurs intérêts, et les diverses manipulations médiatiques restent évidemment d'une incroyable actualité. Leur analyse se révèle même riche d'enseignements durables. Les témoignages et les images d'archives - tournées par Patricio Guzmán lui-même - de discours publics ou d'actions militaires alternent avec des retours sur les lieux réels ayant marqué la vie d'Allende. Ces éléments historiques se fondent avec des considérations très personnelles qui, ainsi, permettent d'outrepasser les limites d'un documentaire simplement informatif (ou investigateur) pour toucher, concerner, émouvoir. Salvador Allende est un douloureux témoignage sur le passé, qui éclaire d'un jour nouveau notre présent et notre futur.
MARDI 29 MARS - 5 H PM - Général Idi Amin Dada, Autoportrait, un film de Barbet Schroeder. Documentaire, France, 1974, 86 min
Ancienne colonie anglaise d'Afrique de l'Est située dans la région des Grands Lacs et indépendante depuis 1962, l'Ouganda tombe en 1971 sous la férule d'un officier militaire putschiste, le général Idi Amin Dada, avec le soutien tacite des Occidentaux. Une fois au pouvoir, il s'octroie les pleins pouvoirs, crée une variante locale des escadrons de la mort qui fait place nette au sein de l'opposition et des élites locales et instaure un climat de terreur (au bas mot, 300.000 victimes).
En 1974, le réalisateur Français Barbet Schroeder réalise Général Idi Amin Dada, Autoportrait, un épisode d'une série de documentaires destinée à la télévision dont le projet initial était de tirer le portrait de quelques chefs d'État de l'époque. Mais le film se transformera en fait en un implacable révélateur qui souligne les singuliers contrastes d'un dictateur pour le moins ubuesque qui se met lui-même en scène et choisit avec soin ?... les décors du théâtre de son propre pouvoir. Le principe du film est «simple» : laisser le dictateur maître à bord du tournage. C'est en effet Amin Dada qui décide seul des endroits à visiter - Barbet Schroeder a seulement dû insister pour filmer le conseil des ministres -, des lieux à montrer, et surtout c'est lui qui donne les indications au caméraman ; il devient donc metteur en scène de son propre film, et par conséquent auteur involontaire de sa propre critique. Barbet Schroeder le laisse petit à petit s'enfoncer dans l'horreur de ses propos. La dénonciation est subtile : Amin Dada donne de lui l'image d'un homme jovial, et affable; et c'est justement ce rire radieux qui lui sert de réponse quand on lui demande s'il a vraiment dit que « l'erreur d'Hitler est de ne pas avoir tué assez de Juifs » qui terrifie. C'est aussi en observant les gestes et attitudes de son entourage que l'on comprend la terreur qu'il fait régner - voir la séquence où il critique l'action de l'un de ses ministres ; on apprendra plus tard que le corps de celui-ci a été retrouvé dans un fleuve. Idi Amin Dada utilisait souvent les crocodiles pour régler les affaires courantes... On suit donc le portrait de ce dictateur ubuesque et sanguinaire, autoproclamé "Dernier Roi d'Ecosse", partagé entre la consternation et l'effroi. Barbet Schroeder a néanmoins parfois recours au montage afin de recadrer son propos : il n'omet pas par exemple d'ouvrir son film sur une exécution capitale, image insoutenable qui obsédera le spectateur qui risquerait de ne voir en Amin Dada qu'un bouffon futile. Bouffon tragique plus exactement, et la conclusion nous rappelle qu'il est peut-être plus proche de nous qu'on ne voudrait le croire.