Du 16 au 28 avril, cinq experts américains, ingénieurs et architectes, spécialisés dans la conservation du patrimoine, ont parcouru les rues du quartier Bois Verna, Pacot, jusqu’à la rue Capois. Ils ont été accompagnés par des architectes haïtiens et par une importante équipe de FOKAL. L’objectif de cette mission, en partenariat avec le Fonds mondial des monuments (World Monument Fund), était de réaliser un inventaire de 200 maisons « Gingerbread » à Port-au-Prince dans le cadre du projet de réhabilitation et de mise en valeur du quartier.
Ce projet est mené par FOKAL en partenariat avec l'ISPAN (Institut de sauvegarde du patrimoine national) et HELP (Haïtian Education and Leadership Program). Cet inventaire est la première phase du projet : il permettra de définir les types de dommages causés sur les maisons et les réparations nécessaires. Durant la mission, deux réunions ont été organisées avec les propriétaires de Gingerbread pour leur présenter la méthodologie, puis les premiers résultats du travail. Ces rencontres ont permis d’échanger sur les inquiétudes des propriétaires, les qualités des maisons, leur histoire et celle de leur construction en Haïti.
Suite à cet inventaire, l’équipe du projet souhaite poursuivre le travail d’analyse des données afin d'examiner les possibilités de création d’un atelier école pour artisans spécialisés. Un fonds d’appui à la restauration pourrait également être mis sur pied en fonction des besoins repérés, ainsi qu’un plan d’intervention pour améliorer le cadre de vie dans le quartier.
Sur les traces des Gingerbread à Port-au-Prince
Le témoignage d'Allenby Augustin
Accompagner les experts architectes américains dans l’évaluation des maisons Gingerbreads de Port-au-Prince a été pour moi non seulement une expérience intéressante, mais aussi un apprentissage de l'histoire de ces vieilles maisons ayant plus de 100 ans. Pendant dix jours, j'accompagnais Patrick Sparks, architecte structurel, membre de ICOMOS (Conseil international des monuments et des sites). Je l’ai introduit auprès des propriétaires et je l’ai aidé dans la traduction. Ce que j’ai pu constater, c’est que la plupart de ces maisons ont résisté au séisme du 12 janvier.
Patrick et moi avons travaillé sur la zone de Bois Verna, Jean Paul II, Ave. Christophe et la rue Capois. Toutes ces maisons que nous avons pu évaluer sont différentes les unes des autres. Elle sont constituées de bois, de briques, de maçonnerie et de tôle. Dans plusieurs cas, la partie la plus lourde de ces maisons se trouve en bas, à la base de la maison, la partie en bois se trouve au milieu alors que le toit est en tôle : cela rend la structure très légère et explique le comportement de ces maisons pendant le séisme. Certaines d'entre elles sont aussi totalement en bois. Toutes ces vielles maisons font partie du patrimoine historique de Port-au-Prince.
L’un des propriétaires d’une Gingerbread nous a fait savoir que le premier ennemi de sa maison est le feu, ce pourquoi beaucoup de propriétaires comme lui avaient décidé de construire des pièces supplémentaires ou des consolidations en béton pour faire face à un éventuel incendie. Cependant, on a constaté que ces ajouts en béton ont endommagés les Gingerbreads ou ont été détruits le 12 janvier dernier.
Cette deuxième phase d’évaluation des maisons (voir la première phase) a dissipé le comportement perplexe qu’affichaient les propriétaires au cours de la première phase, ce qui a facilité mon travail d’interprète et de guide.
Allenby Augustin
Bibliothèque Monique Calixte