Plusieurs points de vue convergents sont sortis de la position et des réactions des jeunes des clubs de Vague du futur par rapport aux élections législatives et présidentielles qui viennent de s’achever sur le territoire national, et à la victoire de Michel Martelly comme nouveau président élu d’Haïti.
Au delà des prises de positions partisanes pour ou contre tel candidat, les jeunes sont intervenus autour de la question suivante : « Quels sont vos sentiments face aux élections ? ». Sur le plan communicationnel, les jeunes du club de Santo pensent que, pour ces élections, plus d’efforts ont été effectués pour informer les Haïtiens sur le processus électoral et pour les intéresser à y participer. L’utilisation d’autres dispositifs d’information inédits (numéros d’information, internet, affichage dans les BED/BEC, etc.) pour informer les électeurs sur leurs centres de vote constituent des innovations majeures.
Malgré les irrégularités enregistrées lors de ces élections (en particulier lors du premier tour du 28 novembre 2010), les jeunes de Martissant ont un sentiment de joie par le fait que la voix du peuple haïtien peut être encore respectée à travers son bulletin de vote. C’est là la preuve pour eux que la démocratie ne s’est pas totalement éteinte dans le pays. Il va maintenant falloir que le peuple sache accompagner et contrôler ce gouvernement qu’il a choisi lui-même.
Sur le plan de la concurrence entre les candidats, bien que la population ait eu droit à une surexposition d’images, les jeunes de Santo pensent que les débats entre les candidats, pour permettre aux électeurs de faire la différence sur leur programme, n’atteignaient pas vraiment la dimension de notre réalité : ils ne restaient qu’au niveau de slogan.
Sur la question relative à leurs attentes par rapport au nouveau président élu, certains disent n’en avoir aucune en ce sens. Plusieurs d’entre eux croient que c’est l’international qui tire les ficelles. Même réaction auprès des jeunes de Darbonne : « Haïti, malgré tout, n’est pas encore prêt pour organiser les élections puisque sans les étrangers, sans le financement international, il n’y a pas d’élections », note un camarade.
D’autres du club de Santo pensent que c’est aux haïtiens eux-mêmes de prendre en main l’avenir de leur pays. « On ne peut pas laisser un pays entre les mains d’un homme », précise l’un d’eux.
D’autres encore disent espérer que le nouveau président réalise ses promesses envers le peuple haïtien et que les conditions de vie de la population s’améliorent. Certains jeunes disent ne pas avoir d’attentes envers l’équipe gouvernementale qui sera formée autour du nouveau président, d’autres expriment leurs espoirs, particulièrement dans les domaines de l’accès à une éducation de qualité. D’un point de vue général et par rapport aux conjonctures du pays, les jeunes de Martissant pensent que les choses ne se passeront pas exactement comme Martelly le souhaite notamment parce qu’il n’a que trois députés au parlement. Or, ses décisions doivent être validées par le parlement où la majorité n’est pas en sa faveur. Par contre, en dépit de toutes ces difficultés, certains pensent que si Michel Joseph Martelly arrive vraiment à prouver que la scolarisation gratuite n’était pas des paroles de campagne, il sera un président exceptionnel.
Mais face aux nombreuses choses qu’il a promises, les jeunes craignent que ses promesses ne se retournent contre lui avant même la fin de son mandat. En définitive, les jeunes attendent le démarrage des grands chantiers de la reconstruction afin de sortir dans un bref délai la population sous les tentes, anba prela, dra chire…
Wisguerby Bellegarde (Club VDF de Santo), Max G. Saint Fleur et Maxandre Bien-Aimé (club VDF de Léogane-Darbonne) et Jennyfer J. Dérosier (Club VDF de Martissant)