Extrait de l’intervention de Michèle Duvivier Pierre-Louis lors de la conférence de clôture du colloque « Haiti : des lendemains qui tremblent », qui s’est tenu à Genève du 12 au 14 janvier 2011. Les actes complets de ce colloque sont à paraître.
J’ai voulu traiter de la problématique de l’Etat en choisissant pour titre: « Haïti, une souveraineté à inventer », sachant par expérience que cette question demeure centrale dans tout projet de refondation ou de reconstruction du pays, dans la situation post-séisme. J’ai donc un peu remanié mon texte car, la référence à l’Etat Haïtien, dans ses faiblesses, son absence, ses déficiences, ses racines historiques a été au cœur même de ce colloque et dans la richesse des interventions et des débats. Cela ne veut nullement dire que les autres acteurs sociaux et politiques n’ont pas un rôle important à jouer, mais nous savons bien, et cela nous a été rappelé ici même, que la société civile dans toutes ses composantes hétérogènes et ses intérêts particuliers, et les partis politiques dans leur diversité idéologique ne se justifient que par rapport à l’Etat. Que ce soit en complémentarité, en substitution, en compétition ou en opposition, leur raison d’être renvoie à l’Etat, dans sa définition large comme constitutive de l’organisation de la société ou dans ses appareils. C’est l’Etat qui, en principe, élabore les politiques publiques qui affectent la vie nationale ; dès lors qu’elles sont inadéquates voire même inexistantes, c’est l’organisation de la société tout entière qui s’en ressent de manière négative.
D’entrée de jeu, Suzy Castor a posé en historienne les difficultés auxquelles l’Etat Haïtien a dû faire face pour assurer et assumer sa souveraineté dans un climat international hostile et des contradictions héritées de la période coloniale. Comment en effet, un nouvel Etat, absolument singulier et dans une certaine mesure iconoclaste, ayant adopté dès son indépendance le seul régime qu’il connaissait à l’époque, le régime militaire, comment cet Etat, constitué par d’anciens esclaves et descendants d’esclaves allait-il traiter des grandes questions qui se posaient à l’époque issues des deux révolutions, l’américaine et la française, issues en fait des Lumières : le droit et les droits, la liberté et la justice, la démocratie et la citoyenneté, la science et la technique, le grand commerce international et la souveraineté. Le défi était de taille, car même les pays d’Europe et d’Amérique d’où sont venus ces concepts avaient du mal à leur donner réalité et consistance. Par ailleurs, faut-il rappeler qu’Haïti est le seul pays de la région, Amérique et Caraïbes, où d’anciens esclaves sont devenus chefs d’Etat, dans un moment d’épiphanie unique au monde, mais bien dans le monde.
Suzy Castor nous a donc montré que la vulnérabilité de notre pays va naître des difficultés inhérentes à ce moment historique particulier. En continuités et ruptures, au cœur de projets de société irréconciliables, de luttes de pouvoir fratricides, de contradictions irrésolues, va surgir une société caractérisée par une dichotomique sociale, économique, culturelle et religieuse, marginalisant la majorité de la population. Pour paraphraser Rolph Trouillot, dès le départ l’Etat et la nation partent dans des directions opposées. Le repli sur la petite propriété va créer des espaces d’évitement de l’Etat et c’est la famille, non le secteur public, qui prendra en charge tous les besoins de l’individu de la naissance à la mort. L’un des éléments de la crise de société actuelle est justement l’impossibilité pour la famille d’assumer comme elle a pu le faire par le passé dans la précarité certes, l’ensemble des besoins de ses membres. La demande d’Etat s’est alors manifestée de manière pressante, urgente.
L’exacerbation des contradictions héritées de la période coloniale marquera par des moments forts tout le 19ème siècle et au début du 20ème, aboutira à l’occupation américaine de 1915 (il a été dit aussi dans ce colloque par Jean Eddy Saint-Paul que dans quatre ans nous commémorerons le centenaire de cette occupation, objet de recherches pour les universitaires ici présents), occupation qui elle nous conduira droit vers coups d’Etat et dictatures. C’est dire que nous n’avons jamais pu instituer le champ du politique dans son autonomie et ses prérogatives souveraines. En lieu et place nous avons sombré dans la délinquance d’Etat avec les complicités internes et externes. La transition post-dictature verra l’irruption des masses populaires sur la scène politique avec tout un corpus de revendications politiques et sociales qui aujourd’hui encore tardent encore à s’inscrire dans les politiques publiques. Malgré l’énergie, la créativité, le courage des organisations de femmes, de paysans, de jeunes, d’artistes et d’artisans, la transition démocratique est en panne de leadership politique national et de légitimité populaire susceptible d’infléchir les tendances actuelles.
Comment dire la souveraineté dans une telle histoire ? Quel sens lui donner en regard de ce parcours qui s’inscrit dans une logique de dépendance et de survie ? Comment comprendre que pendant deux siècles tous nos gouvernements pour se maintenir au pouvoir feront appel aux puissances étrangères et ceci malgré la rhétorique nationaliste qui de posture qu’elle fut à une époque n’est plus aujourd’hui qu’imposture. Même un Anténor Firmin, intellectuel vénéré par nos historiens, n’a pas hésité dans sa lutte contre Nord Alexis à faire appel aux Américains pour l’aider à vaincre son rival et prendre le pouvoir. Avant lui Sylvain Salnave n’avait-il pas proposé, comme d’autres avant et après lui, la cession du Môle Saint-Nicolas aux Américains qui convoitaient cette partie de notre territoire depuis longtemps déjà.
Les champs d’exercice de la souveraineté se définissent pourtant par une prise en compte par l’Etat, sur le plan politique, c’est-à-dire sur le plan de l’intérêt collectif et du bien commun, en premier lieu de la sécurité des habitants et de leur mode de vivre-ensemble sur le territoire ce qui pose d’emblée la question de la citoyenneté ; en second lieu de la maîtrise et la gestion de l’espace territorial dans lequel vivent ces habitants, la sécurité du territoire ; et en troisième lieu des relations internationales.
Bien que ces trois éléments soient liés, considérons d’abord la question de la citoyenneté, le monde commun de la population sur le territoire. Les intervenants de la première table ronde nous ont confirmé que, malgré la pulsion citoyenne qui s’exprime de différentes manières depuis plus de vingt ans, les couches populaires historiquement marginalisées n’ont toujours pas trouvé un ancrage où elles pourraient vaincre l’exclusion, les préjugés, et accéder au bien-être qu’elles réclament de manière collective, mais auquel elles n’ont toujours pas droit. La myopie et l’entêtement des dirigeants ont conduit droit au dérèglement et au désordre de la cité. Wilson Laleau en intervenant sur la pauvreté nous a montré la déconnexion qui existe entre les aspirations sociales et par exemple, les politiques monétaires, de stabilisation des prix, de libéralisation commerciale qui asphyxient davantage une économie atrophiée, freinent l’émergence d’une classe moyenne (à dire aussi que la mobilité sociale n’a jamais été pensée dans ce pays puisque nous sommes restés figés dans une relation élites-masses) et maintiennent la majorité de la population dans le cercle vicieux de la pauvreté, et pour citer André Corten qui reprend Hannah Arendt, dans la désolation la plus inhumaine.
Philipppe Mathieu intervenant en second a fait valoir que le secteur agricole qui dépend largement de la paysannerie haïtienne subit des chocs de toutes sortes, que cette population également marginalisée est victime de crises qu’elle ne provoque pas, et prend des risques qui ne sont nullement garantis. Les politiques agricoles élaborées par ceux qui s’intéressent au secteur tardent à provoquer la volonté politique nécessaire à sa prise en compte dans le budget de la République. J’ajouterai que cette paysannerie en crise depuis plus de 50 ans, depuis que l’équilibre population-ressources a été rompu, se déverse dans la capitale et toutes les villes du pays, son seul échappatoire semblant être l’exode face à une terre de plus en plus improductive et plus de bouches à nourrir. Les bidonvilles colonisent de manière anarchique les espaces urbains, cristallisant les vulnérabilités sociales dont a parlé Ernst Mathurin en regard des crises structurelles du pays sur les plans écologique, démographique et économique, toutes conduisant à une insécurité grandissante.
Nous constatons donc la difficulté qu’a l’Etat haïtien d’exercer ses fonctions régaliennes dans le champ particulier d’une citoyenneté pleine et entière. Les droits civils et politiques sont certes aujourd’hui relativement garantis, mais les droits économiques et culturels (travail, éducation, santé, logement, loisirs) sont quant à eux quasi inexistants.
La situation est encore plus alarmante sur le plan de la sécurité du territoire, fonction régalienne par excellence puisqu’elle renvoie au système judiciaire, à la puissance publique et au monopole de la violence et de la fiscalité par l’Etat. Si jusqu’à Duvalier, l’occupation de l’espace territorial haïtien était dominé par une armée largement répressive, depuis 1992, le pays a reçu 7 missions militaro-civiles des Nations Unies, sans compter les 20.000 Marines qui ont ramené le Président Aristide au pouvoir en 1994. L’abolition de l’Armée d’Haïti par celui-ci en 1995 (quel qu’ait été par ailleurs la raison d’être d’une telle décision) a crée un vide qui n’a pu être remplacé jusqu’ici. L’espace territorial haïtien est maintenant ouvert à tous les trafics liés au crime organisé international, drogue, armes, contrebande de toutes sortes, et l’Etat haïtien en a littéralement perdu le contrôle. Le colloque n’a pas abordé la question de la justice, du système judiciaire dans toute les composantes de la chaîne pénale, police, tribunaux, prisons ; mais peut-il y avoir reconstruction si elle n’est pas pensée dans toute sa complexité pour garantir les droits, poser le cadre du système juridico-politique du pays, exercer les sanctions dès lors qu’il y a transgression et se porter garante de l’autorité morale du système ?
Cette perte des champs d’exercice de la souveraineté a aussi ses conséquences dans le déséquilibre des relations internationales caractérisée par une asymétrie et une dépendance grandissante. Si Haïti demeure un pays souverain au sein des instances internationales dans le sens où sa représentation en terre étrangère est reconnue en qualité d’Etat indépendant, et que dès lors elle peut voter à part entière dans les délibérations internationales, de manière tout à fait paradoxale, l’exercice de cette souveraineté reste atrophié à l’intérieur du pays. Et ce phénomène prendra toute son ampleur au moment du séisme.
Car justement, le séisme va mettre à nu les faiblesses structurelles de l’Etat et exposer encore davantage sa perte de souveraineté. Avec le tremblement de terre, comme il a été dit et répété au cours du colloque, on assiste à un effondrement total. En détruisant le désordre physique de la ville, en provoquant l’effondrement des édifices publics et de quartiers entiers, le séisme a également heurté les ordres symbolique, politique, social, institutionnel, international dans leurs formes et leurs relations.
La catastrophe, on l’a dit, est l’une des plus importantes du monde moderne, car comme me l’indiquait le géographe Gérard Souria, 300 000 morts en 35 secondes sur un périmètre de 35 km2, on n’a jamais vu cela. Et dire que les statistiques n’expliquent pas la dimension humaine du drame. L’atelier sur « religion et identité » a eu d’excellentes présentations de Philippe Chanson, Edelyn Dorismon et Laënnec Hurbon. Ce dernier a insisté sur le rapport entre la perte de sens ressentie par la population et la gestion de la catastrophe par les religions. Mais quelles que soient les différences entre le traitement fait par les catholiques, les pentecôtistes et les vodouisants, le fait de n’avoir pas pu enterrer ses morts, de n’avoir pas retrouvé les corps, de n’avoir pas exercé le rituel dû aux morts, donc de n’en avoir pas fait le deuil est un élément perturbateur de la psyché qui aura des retombées certaines dans la vie en commun. Marjorie Mathieu a expliqué comment la somatisation de ce mal-être se loge dans le corps des vivants devant l’horreur des corps morts. Ceci est peut-être plus vrai pour les vodouisants, le culte des morts ayant pour eux une importance capitale puisqu’elle permet de reprendre la chaîne symbolique entre la vie et la mort afin de retrouver son humanité.
Par ailleurs, le vide créé par les faiblesses institutionnelles de l’Etat au moment et après le séisme a été comblé par la myriade d’organisations nationales et internationales de toutes sortes venues à la rescousse d’une population en détresse. L’aide humanitaire indispensable dans cette première phase des actions post-séisme a été dispensée sans coordination, dans le désordre provoqué par l’absence de leadership national. La communauté des bailleurs s’est imposée, préparant PDNA, animant clusters, préparant conférences sur conférences. Beaucoup de promesses des gouvernements, peu de décaissements. La population, déboussolée, hébétée, attendait que le jour même du séisme, le chef de l’Etat parle, réconforte, donne l’espoir. Car, dépositaire de la souveraineté obtenue grâce au vote populaire, nul autre que le Président de la République pouvait rétablir les fonctions symboliques de l’Etat dans ce moment dramatique. Il n’en fut rien et ce manque a augmenté perte de sens, souffrance et frustrations dont nous a parlé Ernst Louis dans son poignant exposé sur la vie dans les camps.
Ce moment exigeait pourtant une transcendance, une capacité de s’élever au dessus des contingences du quotidien, des luttes stériles et des considérations partisanes pour voir le peuple qui souffre et le pays quasi détruit puisque sa capitale et ses villes environnantes l’ont été. Et cette exigence de transcendance est encore à l’ordre du jour aujourd’hui même, au moment où en plus de toutes les crises dont nous avons parlé, le pays vit une crise électorale dont nul ne connait encore le dénouement.
Haïti est aujourd’hui un immense laboratoire qui devrait offrir d’abord aux Haïtiens et Haïtiennes d’importants champs de recherche dans le social, l’économique, le médical et la réflexion philosophique sur le devenir du pays. Le temps zéro post-séisme auquel fait référence Jean-Daniel Rainhorn devrait être un temps de fertile fermentation, le séisme représentant une césure sociale symbolique, temps même de la transcendance.
Alors dans ce contexte, en prenant la mesure des pesanteurs historiques et des défis de l’avenir, comment inventer une souveraineté qui soit l’expression d’une volonté générale, pour citer Rousseau ?
La reconstruction d’Haïti passe nécessairement par la prise en compte par les citoyens et les citoyennes du pays, les organisations et institutions locales, les médias, les partis politiques, ceux et celles qui aspirent à occuper des fonctions politiques au sommet de l’Etat, mais aussi par les organisations internationales solidaires d’Haïti, de la nécessité d’un changement de paradigme et d’une trêve politique. L’agenda politique devra nécessairement s’inscrire dans une dynamique qui cible prioritairement :
- L’aménagement du territoire. Il est temps de faire les études de risques qui permettent le zoning susceptible de délimiter les terres attribuées à l’agriculture, au logement, aux infrastructures (aéroports, ports, etc.), aux espaces publics (marchés, gares routières, églises, temples, places publiques). L’aménagement du territoire devrait ouvrir le champ à la décentralisation et au développement local nécessaire aussi à la constitution d’une classe moyenne qui peut projeter et inscrire son avenir dans le pays.
- L’Etat civil. Il est inacceptable qu’aujourd’hui en ce début de 21ème siècle, la moitié de la population haïtienne n’existe toujours pas légalement. L’état civil est un droit et est affaire de citoyenneté et de dignité.
- La Justice. J’ai déjà expliqué l’importance de la justice dans la reconstruction. J’ajouterai qu’elle est nécessaire au traitement de deux questions fondamentales qui ont traversé l’histoire du pays et qui attendent des solutions politiques : la nationalité et la propriété, et dans les deux cas les implications pour la diaspora haïtienne.
- L’économie : comment repenser les politiques économiques pour qu’elles stimulent l’économie, favorisent la création d’entreprises et d’emplois, augmentent les recettes de l’Etat, ouvrent le crédit et permettent l’inclusion des citoyens ?
- L’éducation et la santé : deux secteurs qui pour des raisons historiques ont été confiés d’abord à des institutions religieuses puis à toute une série d’intervenants souvent mercantiles, et qui aujourd’hui méritent une réelle reprise en mains par le secteur public en tant qu’organe régulateur dans des partenariats productifs avec le secteur non-public, afin qu’ils soient eux aussi vecteurs d’une croissance harmonieuse des ressources humaines dont a tant besoin le pays. Et là les nouvelles technologies peuvent permettre des raccourcis intéressants.
Pour cela, il nous faut, je le répète, un changement de paradigme qui passe :- d’une pseudo-démocratie qui se résume à un kit importé loin de prendre en compte les présupposés inhérents au système démocratique. Lorsque l’Etat et les gouvernements se renouvellent par cooptation, lorsque les médiations institutionnelles n’existent pas, lorsque la déconnexion entre le politique et le social est totale, les gouvernants du haut en bas de l’échelle sociale finissent par « manger l’Etat » (l’expression est du sociologue Michalon), le dépecer littéralement, lui enlever toute substance.
- d’une culture politique basée sur le népotisme, le clientélisme, une administration publique bureaucratique et inefficace, une utilisation de la violence politique à des fins partisanes, à une culture politique basée sur le service public, la confiance des citoyens/citoyennes, la construction ou le renforcement des institutions et la lutte contre la corruption.
- d’une économie de rente basée sur les privilèges, un manque de vision, la dépendance d’une assistance étrangère conditionnelle et exigeante, les deals, l’évasion fiscale et le refus de la compétition à une économie qui comprend le rôle du capital humain formé, des compétences techniques, du risque et des investissements producteurs de richesse.
- de relations internationales qui privilégient l’action humanitaire à une solidarité internationale qui accepte l’investissement productif et l’appui aux objectifs nationaux publics et privés. Pierre Salignons de Médecins du Monde a formulé le vœu au cours de la 2ème table ronde qu’il faut sortir le pays de la dépendance humanitaire et faire en sorte que les organisations de la société civile des pays amis portent leurs gouvernements respectifs à être responsables des engagements pris envers Haïti.
- d’une société cloisonnée où on ne discute et ne se reconnaît qu’entre pairs, société fondée sur l’exclusion sociale, à l’équité, la lutte contre la pauvreté et le développement d’une classe moyenne éduquée, susceptible de mettre en valeur la richesse culturelle et historique du pays.
- du cynisme politique à l’éthique, la dignité et l’engagement public accompagné d’une volonté de débattre partout en ce temps-zéro, et de communiquer une parole vraie. C’est Platon qui écrit que « la perversion de la cité commence par la fraude des mots ». Aujourd’hui, nous avons le devoir d’inventer une souveraineté qui soit à la hauteur des idéaux de liberté et d’égalité de ceux qui, il y a plus de 200 ans, ont placé Haïti au cœur du monde moderne en « criant leur humanité » face « aux assassins de l’aube ». C’est Césaire que je cite encore pour conclure : « Il n’est pas question de livrer le monde aux assassins de l’aube ».
Je vous remercie.