La Bibliothèque Monique Calixte a été choisie pour loger un « American Corner » (*), espace de diffusion de la littérature et de la culture américaine, suite à un accord signé par l'ambassade américaine en Haïti et la Fondation connaissance et liberté – FOKAL fin 2008. Cet espace a été baptisé Harold Courlander, du nom d’un prolifique ethnomusicologue américain amoureux d’Haiti dont nous vous proposons le portrait.
Né à Indianapolis en 1908, Harold Courlander déménage à Detroit alors qu’il a six ans. Les quartiers de cette ville nord-américaine regroupent alors de nombreuses nationalités et cette enfance baignée dans le multiculturalisme n’est sans doute pas étrangère à l’attraction qu’exerceront sur lui les autres cultures. Harold Courlander obtient son premier degré universitaire en langue et littérature anglaises de l'université du Michigan en 1931. Il poursuit ses études dans cette même université et à l’université de Columbia. Brillant et passionné par le folklore et les traditions orales, Harold Courlander reçoit de nombreuses bourses d’études, qui lui permettent de se rendre une première fois en Haïti, inspiré par les écrits de William Buehler Seabrook. C’est le premier voyage d’une grande série, celle de près de 20 immersions dans la culture haïtienne, lors desquelles Harold Courlander récolte les histoires et les contes et enregistre les musiques et les chants. En 1939, il publie son premier ouvrage sur la vie haïtienne, « Haïti singing » (Haïti chantant). En Haïti, il s’intéresse aux pratiques religieuses, à l’héritage africain, aux traditions orales, au folklore, à la musique et à la dance. Son livre « The drum and the hoe : life and lore of the haitian people » (Le tambour et la houe : us et coutumes du peuple haïtien) publié en 1960 est devenu un ouvrage incontournable pour qui s’intéresse à la culture haïtienne.
Harold Courlander a publié plus de trente-cinq livres et collecté de nombreux enregistrements sonores des traditions musicales riches et variées afro-américaines, africaines, caribéennes, indonésiennes, amérindiennes. Sa publication la plus connue est « The cow-tail switch and other west african stories » parue en 1948, qui est une collecte d’histoires et de contes ouest africains qu’il a co-écrit avec George Herzog. Il a publié d’autres recueils de contes africains, notamment du Ghana et du Nigeria. L’auteur s’est également risqué dans le folklore asiatique. Il a aussi publié des contes et légendes des indiens Hopi d’Amérique. Son œuvre la plus connue sur la musique et les coutumes afro-américaines « Negro Folk Music, USA » sort en 1963, tandis que le « Trésor du folklore afro-americain » (1976) raconte l'histoire orale des peuples d'ascendance africaine dans les Amériques.
Harold Courlander a également écrit des romans de fiction, dont le plus célèbre est « L’Africain », qui retrace entre faits réels et fiction l'histoire de la capture d'un esclave en Afrique, emmené et vendu en Amérique pour travailler dans une plantation et sa lutte pour maintenir sa culture indigène dans un monde hostile et nouveau. En 1977, Harold Courlander a poursuivi Alex Haley, l’auteur du livre très populaire « Roots » (« Racines, saga d’une famille américaine », qui sera adapté dans la célèbre série télévisée du même nom) pour plagiat de son roman « L’Africain ». Après plusieurs mois devant le tribunal, Courlander est sorti victorieux de cette bataille judiciaire.
En dehors de ce travail titanesque, Harold Courlander a également travaillé pour la radio Voice of America en tant que rédacteur, écrivain et chef de l'information. Au cours de la seconde guerre mondiale, il a supervisé les bulletins de nouvelles pour le bureau de l’information de guerre américain à Bombay, en Inde. Après la guerre, il a travaillé comme historien à Douglas Aircraft Corporation ou encore comme attaché de presse de l'Organisation des Nations Unies et de la Mission américaine auprès de l’ONU. Harold Courlander est décédé en 1996.
(*) Le gouvernement américain a inauguré près de 400 American corner (AC) dans 60 pays au cours de ces dix dernières années, afin de mieux informer le public étranger sur les Etats-Unis, leur histoire, leur culture,… Pour y parvenir, les AC donnent accès à des informations actuelles et fiables sur les États-Unis par des collections de livres et de DVD, des références sur le net et grâce à une programmation d’activités ouvertes au grand public. Les livres de Harold Courlander seront accessibles aux lecteurs dès la réouverture de la BMC.
En juillet, le responsable du American Corner de la Bibliothèque Monique Calixte (BMC) s’est rendu à une rencontre internationale des American Corner en Colombie. En attendant la réouverture de la BMC, le AC Haïti a lancé un club de conversation en anglais.