Nouvèl FOKAL

mercredi 28 juillet 2010

La Bibliothèque Monique Calixte a 14 ans !

Le 29 juillet, la BMC aura 14 ans. De ses débuts à Carrefour-Feuilles, celle qui porte le nom d’une intellectuelle haïtienne engagée pour la diffusion du savoir a fait du chemin. A l’heure où ses locaux son momentanément fermés suite au séisme, la BMC se retourne sur un parcours riche en petits et grands pas, en rencontres avec les livres, leurs univers et leurs auteurs en chair et en os.

La Bibliothèque Monique Calixte porte le nom d’une haïtienne, intellectuelle ayant passé la plus grande partie de sa vie en France. Elle était d’une grande culture générale, s’intéressait au théâtre, à la poésie, à l’art. Ses ouvrages sur le droit, l’économie, la politique témoignent aussi d’un engagement profond qui aura marqué toute sa vie. Monique Calixte a fait ses études universitaires à l’Institut d’études pour le développement économique et social (IEDES-Paris VI). Elle a travaillé à la médiathèque du Parc de la villette (Paris) pendant 10 ans, puis à IFREMER, l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer, son dernier emploi. Après sa mort à Paris à l’âge de cinquante ans suite à un arrêt cardiaque, les amitiés qu’elle a liées au cours de son parcours se sont rassemblées pour créer l’Association Monique Calixte (AMC). Au cours de sa vie, Monique Calixte a fait l’acquisition de toutes les publications concernant son pays d’origine. A sa mort, sa famille a décidé de céder cette collection à l’AMC, soit plus de 920 livres. L’association a jugé bon de mettre ces livres à la disposition des jeunes d’Haïti, ce en quoi Michèle Duvivier Pierre-Louis a joué un rôle important.

La Bibliothèque Monique Calixte (BMC) a ainsi vu le jour le 29 juillet 1996 à Carrefour-Feuilles, dans la zone de Port-au-Prince. Dès ses premiers jours à la Rue St. Gérard, la bibliothèque ne cesse d’accueillir un flux de lecteurs, surtout des enfants et des jeunes issus de Carrefour-Feuilles, d’autres quartiers de la région métropolitaine et même de zones éloignées. Seulement quelques mois après son ouverture, une salle pour enfants est aménagée à la BMC, avec des livres, des jouets, du matériel pédagogique  permettant aux plus petits d’apprendre, de développer leurs diverses aptitudes, de s’épanouir. En 1998, Georges Soros, fondateur de l’Open society institute dont Fokal est la fondation haïtienne visite pour la première fois la bibliothèque.

Dans le souci d’offrir un meilleur service à ses usagers, la BMC intègre de nouveaux locaux dans le centre culturel de la Fokal en 2003, à l’avenue Christophe. On compte quatre espaces à la BMC : l’espace adulte, l’espace jeune, enfant et l’espace American corner appelé à la BMC « Harold Courlander ». Ce dernier, non encore inauguré, fait partie d’un réseau international pour le développement de la culture américaine (lien breve).

La Bibliothèque offre un service de qualité et diversifié, qu’elle cherche constamment à améliorer. Elle dispose aujourd’hui d’un service multimédia pour la consultation de documents audio-visuels, d’une section de prêt à domicile, d’un cyber café pour ses membres et d’un catalogue informatisé depuis octobre 2008. La BMC compte plus de 2660 lecteurs qui ont accès à 16.949 exemplaires aujourd’hui.

Lieu de promotion de la culture et de l’éducation, la BMC organise régulièrement des activités et, chaque année, au moins un évènement marquant, comme le Festival Aimé Césaire et le festival des romanciers de la Caraïbe en 1999, des expositions sur les œuvres d’Edwige Danticat en juillet 2001, d’Amadou Hampaté Bâ en juillet 2002, l’atelier Quart Monde en octobre 2003, sur la Journée internationale contre la violence à l’égard des femmes le mois suivant et la lutte contre le SIDA en décembre de la même année. En 2004, il y a eu l’hommage à Georges Castera et en 2005 à Gary Victor. Depuis lors la Bibliothèque a notamment reçu Lyonel Trouillot et Dany Laferrière, ce dernier étant mis à l’honneur durant une semaine en juillet 2009. Cette même année est marquée par la deuxième visite de Georges Soros à la BMC.

En dépit du séisme du 12 Janvier qui ralenti son élan causant sa fermeture temporaire au public à cause des dégâts enregistrés au niveau de l’annexe, des activités sont organisées sous la tonnelle de la Fokal pour garder le contact avec les jeunes lecteurs en attendant les réparations nécessaires. Sachant que des difficultés, il y en aura toujours, c’est un devoir pour la BMC de ne pas baisser les bras. Comme l’a cité Monique Calixte : « Les nuages ils nous suivront toute notre putain de vie, à nous d’avoir notre parapluie ou notre armure…quelque chose quoi, qui nous permette de croire que derrière il y a quand même le soleil. » Déjà nous partons avec d’autres perspectives et en tête le 15 ème anniversaire.
               
Joseph Méléance
Bibliothèque Monique Calixte